On dit souvent que l’intro d’un projet est annonciatrice de la qualité et de la couleur de ce dernier, avec Avalanche, Culture III envoie une énorme claque !
La prod samplée sur Papa Was A Rolling Stone, est des plus innovantes ; elle s’ouvre de manière très posée en rappelant certaines sonorités Dub, comme l’on retrouvait sur leur feat avec H.E.R sur l’album de DJ Khaled récemment.
Les flows des 3 rappeurs s’enchainent et se complètent à la perfection pour monter en puissance tout au long du projet.
La prod contient une énorme variété de sons et d’instruments différents ! Il vous faudra plusieurs écoutes pour saisir toute la complexité du titre.
Pour ce qui est des lyrics, en revanche, cela reste classique pour le trio qui fera gravité ses thématiques autour de leur richesse et de leur lifestyle.
C’est d’ailleurs le constat que nous ferons sur le featuring avec Drake, sur lequel on aurait espéré voir les artistes se livrer à de nouvelles choses en sortant de leur habituel « on achète des sappes de luxe »
C’est donc l’une des raisons qui expliquera pourquoi nous aurons particulièrement apprécié les deux titres suivants Straightenin et Type Shit (ft Cardi B).
Le premier cité est un des singles que l’on avait pu découvrir avant la sortie du projet, ici les rappeurs nous expliquent la façon dont ils ont vécu l’année de pandémie, ce qui a retardé la sortie de l’album.
La collab avec Cardi B est également assez intéressante, la prod est portée par une mélodie d’orgue qui s’associera parfaitement aux flows des artistes présents sur le track.
Cardi B apporte de la puissance de part ses couplets percutants.
Une montée en puissance qui viendra d’ailleurs se confirmer sur le titre suivant, Malibu ft Polo G. La prod est assez énergique et les couplets sont débités de manière toujours aussi technique et fluide ! Un titre de plus de 4 minutes sur lequel on ne voit clairement pas le temps passer !
S’en suivent alors Birthday, un morceau qui se voudra club et qui sonnera très synthétique, mais ici clairement on ne ressent pas l’énergie attendue pour un titre qui se veut club mais qui aura un rendu final assez mou et peu innovant…
On en arrive alors à Vaccine, un titre qui vient directement faire référence à la pandémie en allant jusqu’à promouvoir le fait de se faire vacciner pour que l’on puisse retrouver la vie de débauche qu’ils prônent dans leurs morceaux précédents.
Ce titre renvoie une énergie positive qui aura bien plus d’impact que les deux prédécesseurs !
S’en suit alors le featuring avec Future, dans une mélancolie accompagnée par un joli riff de guitare électrique et des instruments riches telles qu’une flute de pan, les rappeurs viennent dénoncer le piège dans lequel les artistes se retrouvent lorsqu’ils doivent créer de l’art et le vendre pour gagner de l’argent, là ou la création artistique ne devrait être régie par rien d’autre que la volonté et l’inspiration d’un artiste.
C’est d’ailleurs dans cette démarche de questionnement sur le rôle de l’artiste et son existence que le trio nous livre What You See qui vient faire part de la dualité entre le personnage public et la personne qu’est l’artiste dans son intimité, notamment dans ses relations.
Un titre assez Pop et calme, porté par les mélos de Justin Bieber et des guitares légères mais redoutables qui laissent place aux lyrics des rappeurs.
Antisocial et Light It Up comportent des couplets posthumes de Juice WRLD et Pop Smoke. Le premier titre aborde le thème de la consommation de drogues comme mécanisme d'adaptation aux traumatismes et aux maladies mentales, d’un point de vue musical, on aura du mal avec ce titre qui semble inachevé…
Le second revient aux classiques avec de la Drill pour le côté Pop Smoke et des lyrics prônant le lifestyle luxueux des artistes.
Ici, le constat est le même ; une impression d’inachevé se dégage du morceau, principalement de l’alchimie presque inexistante entre la prod, l’artiste invité et les Migos.
Mis à part ces deux titres en dessous, on appréciera fortement Jane pour son côté inspiration latino. Ce titre laisse en effet résonner une trompette assez caractéristique de certaines sonorités latinos, les Migos avaient déjà expérimenté cela précédemment et c’est avec réussite qu’ils remettent le couvert.
Le morceau le plus marquant de l'album est sans doute Time For Me, sur lequel le trio raconte en détail les expériences de chacun de ses membres, qui ont été piégés dans le ghetto à Atlanta avant de devenir des stars du rap.
Les harmonies et chœurs sourds et ambiants donnent le ton de la mélodie générale assez froide et nostalgique, tandis que de légers claquements synthétiques donnent un tempo doux aux airs de R&B.
En bref, avec ce projet les Migos étaient extrêmement attendus partout dans le monde, ils nous ont donc envoyé un album d’1h15 sur lequel on retrouve de nombreux featurings, certains pertinents tels que Cardi B, d’autre moins comme les deux posthumes…
Finalement, d’un point de vue prise de risque, le groupe reste assez timide et semble chercher à se rassurer un peu trop souvent sur des titres qui ressemblent à ce qu’ils ont déjà fait par le passé.
Oui certains morceaux sortiront du lot et seront vraiment impressionnants, mais il faudra se rendre à l’évidence, ce projet aurait très bien pu fonctionner sans la présence de certains titres un peu en dessous du reste.