Ils signent leur retour, après un album passé assez inaperçu en 2018, avec leur nouveau projet Translation, sorti ce 19 juin. Les Black Eyed Peas, désormais au nombre de trois, composés de Will.i.am, Apl.de.ap et Taboo, depuis le départ de Fergie officialisé début 2018 (mais déjà prédit par un retrait depuis 2015) proposent un album très estival.
Le groupe est un pilier phare de la musique des années 2000. Ils ont absolument révolutionné la musique commerciale, avec ces sonorités mêlant électro, rock, hip-hop et rap, reprises par tous les artistes et résonnant dans tous les clubs courant années 2010. Le groupe a eu un rayonnement international et se sont véritablement imposés dans l’histoire de la musique, en multipliant des certifications à travers le monde entier. L’alchimie entre les membres du groupe en a fait une véritable machine à hits
Quand on a grandit avec leurs morceaux en tête, emblématiques de toute une époque, l’attente d’un nouvel album se faisait longue. Néanmoins, on craint que le temps passé s’est fait trop long, et ait pu créer un certain anachronisme. La musique des Black Eyed Peas est très caractéristique des années 2000-2010, qu’en est-il de la musique de 2020 ? Le public et ses attentes a énormément évolué. La musique demeure une industrie, alors la recette d’une époque n’est plus celle d’aujourd’hui.
Ils l’ont vraisemblablement compris, puisque ce nouvel album est très imprégné des tendances commerciales de ces dernières années, avec des sonorités latinos complètement assumées. Et pour ce faire, le groupe multiplie les collaborations avec les plus grands du milieux J. Balvin, Nicky Jam et même Shakira sur Girl Like Me. Ils frappent fort, et choisissent habilement de sortir l’album au début du mois de juin. Ce n’est évidemment pas un hasard puisque l’album s’inscrit dans un esprit très festif et très estival. Le single MAMACITA annonçant la sortie de l'album a par ailleurs déjà eu un succès phénoménal.
On regrettera cependant cette volonté évidente de produire des hits à la suite, avec un manque évident d’inspiration : ils multiplient les samples tels que Rythm of the night de Corona en tête de l’album, La isla bonita de Madonna ou encore U can’t touch this de MC Hammer. Or l’on sait que de sampler des hits des années 70/80 est d’une facilité extraordinaire et demande assez peu d’inventivité pour en faire un hit. Ces mélodies que l’on connait déjà très bien revues au goût du jour résonnent dans la tête dès la première écoute. Mais c’est sans parler du caractère très répétitif des morceaux proposés. Oscillant entre reggaeton et afrobeat, ils daignent à peine rappeler leur touche d’eurodance, sans grande créativité. L’album aurait pu être celui de J. Balvin qu’on n’aurait fait aucune différence tant il ne rappelle nullement l’identité du groupe, à part peut-être sur un court couplet de Apl.de.ap dans NO MAÑANA, ou peut-être sur TONTA LOVE, mais force est de constater qu’on n’entend malheureusement quasiment pas les membres du groupe sur ce dernier son.
L’album n’est vraisemblablement pas conçu pour être écouté d’une traite tant les morceaux sont répétitifs et manquent de recherche. En revanche, si, comme un David Guetta a pu le faire sur sur Nothing But the Beat il fut un temps, la volonté est de produire des hits à foison pour danser en soirée, alors effectivement, c’est une réussite. On est tout de même loin du retour dont on rêvait pour les Black Eyed Peas, mais sans doute ne l’aurions-nous que si Fergie se décide un jour à faire son retour tant espéré.