J'vois de la lumière
Là-bas à l'horizon
Mais moi j'étais si bien dans l'oeuf
Et mon avis, qui me l'demande ?
« Oui je l'vois madame,
Ce sera un beau garçon
Mais pour l'instant il est tout mauve
J'crois bien que son cordon l'étrangle »
Et c'est un petit corps inerte
Qui est sorti
Un 28 mars, plus ponctuel
Que je n'le serai jamais plus de ma vie
Faut croire que déjà l'air m'était irrespirable
J'aurais pu rester là
Un passage triste
Et une maman inconsolable
D'ailleurs sans doute faut dire
Que j'ai trop bien retenu la leçon
Mille choses à faire, et la phobie
De ne plus avoir le temps
Mignon blondinet,
L'infirmière avait raison
Mais quand j'ai froid
Les crises d'épilepsie me remettent dedans
Comme mon père,
Je suis borné
Si j'ai des absences c'est p't'être
Parce que je suis mort-né
L'enfance se passe tranquille,
J'sais pas trop quoi en dire
Si c'n'est que les voyages scolaires
Etaient de tous mes cauchemars le pire
Pour être honnête avec vous
J'voulais pas quitter maman
Et puis la nuit si tout l'monde dort
Qui pourrais-je embêter maintenant ?
Je m'ennuie un peu avec les autres
Même si j'essaie de faire semblant
J'ai des bonnes notes mais je m'emmerde,
Parfois j'aimerais plus faire le con
Et putain, dites-moi
C’est quoi qui s'passe dans mon caleçon ?
L’adolescence on vexe d’abord soi-même
Et puis les autres
Une embrassade foireuse
Et une première fois un peu glauque
Ça n'a jamais trop fonctionné
Quand j'y mets tout mon coeur
Elles finissent par se raviser
Je crois que j'leur fais un peu peur
Ils me disent « viens,
On aura tout le temps pour être vieux »
Mais moi c'est à l'abri du risque
Que j'me sens l'mieux
Ils me disent « faut vivre le présent,
Puis faut en rire »
C'est tellement triste l'adolescence
Et ma peau me fait tant souffrir
Comme mon père,
Je suis borné
Si j'ai des absences c'est p't'être
Parce que je suis mort-né
L'unif c'est cool
Et même si je n'la termine pas
J'me tape des cuites mémorables
Une fois j'ai même fini à l'hôpital
Mais ça maman, elle le sait pas
Et faut pas lui dire,
Elle est assez s'inquiète comme ça
Les années doucement passent plus vite
Des brumes éclosent, les premières bribes
Quelques coups d’éclats
Mais aussi quelques bides
Tu découvriras tes amis
Et puis les gens de passage
La vaisselle s'fera pas toute seule
Et le frigo, bah faut l'remplir
Ma pire phobie c’est pas que j’me trompe
Mais que les gens le voient
Parfois j’avoue j’me tape de drôles de trips
Et on me demande
« Tu passes quand à la maison ? »
Sous-entend « tu nous manques »
Je vous jure, promis je passe avant dimanche
Dans mon groupe de potes,
J'ai la réput' du mec en retard
Ça m'a suivi depuis le réveil,
J'suis pas sorti du lit
Demandez à mes collègues
À quelle heure j'arrive souvent car
En général mes idées n’arrivent
Que la nuit
Et comme mon père,
Je suis borné
Si j'ai des absences c'est p't'être
Parce que je suis mort-né
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