L’infini tout entier transparaît sous les voiles
Que lui tissent les doigts des hivers radieux
Et la forêt obscure et profonde des cieux
Laisse tomber vers nous son feuillage d’étoiles.
La mer ailée, avec ses flots d’ombre et de moire,
Parcourt, sous les feux d’or, sa pâle immensité ;
La lune est claire et ses rayons diamantés
Baignent tranquillement le front des promontoires.
S’en vont, là-bas, faisant et défaisant leurs noeuds,
Les grands fleuves d’argent, par la nuit translucide ;
Et l’on croit voir briller de merveilleux acides
Dans la coupe que tend le lac, vers les monts bleus.
La lumière, partout, éclate en floraisons
Que le rivage fixe ou que le flot balance ;
Les îles sont des nids où s’endort le silence,
Et des nimbes ardents flottent aux horizons.
Tout s’auréole et luit du zénith au nadir.
Jadis, ceux qu’exaltaient la foi et ses mystères
Apercevaient, dans la nuée autoritaire,
La main de Jéhovah passer et resplendir.
Mais aujourd’hui les yeux qui voient, scrutent là-haut,
Non plus quelque ancien dieu qui s’exile lui-même,
Mais l’embroussaillement des merveilleux problèmes
Qui nous voilent la force, en son rouge berceau.
Ô ces brassins de vie où bout en feux épars
A travers l’infini la matière féconde !
Ces flux et ces reflux de mondes vers des mondes,
Dans un balancement de toujours à jamais !
Ces tumultes brûlés de vitesse et de bruit
Dont nous n’entendons pas rugir la violence
Et d’où tombe pourtant ce colossal silence
Qui fait la paix, le calme et la beauté des nuits !
Et ces sphères de flamme et d’or, toujours plus loin,
Toujours plus haut, de gouffre en gouffre et
D’ombre en ombre,
Si haut, si loin, que tout calcul défaille et sombre
S’il veut saisir leurs nombres fous, entre ses poings !
L’infini tout entier transparaît sous les voiles
Que lui tissent les doigts des hivers radieux
Et la forêt obscure et profonde des cieux
Laisse tomber vers nous son feuillage d’étoiles
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