Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein
de voilures et de mâtures ; ils contiennent
de grandes mers dont les moussons me
portent vers de charmants climats, où l’espace
est plus bleu et plus profond, où
l’atmosphère est parfumée par les fruits,
par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois
un port fourmillant de chants
mélancoliques, d’hommes vigoureux
de toutes nations et de navires de toutes
formes découpant leurs architectures fines
et compliquées sur un ciel immense où se
prélasse l’éternelle chaleur.
Laisse-moi respirer longtemps, l’odeur de
tes cheveux, y plonger tout mon visage,
comme un homme altéré dans l’eau d’une
source, et les agiter avec ma main comme
un mouchoir odorant, pour secouer des
souvenirs dans l’air.
Dans les caresses de ta chevelure, je
retrouve les langueurs des longues heures
passées sur un divan, dans la chambre
d’un beau navire, bercées par le roulis
imperceptible du port, entre les pots de
fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
Dans l’ardent foyer de ta chevelure,
je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium
et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure,
je vois resplendir l’infini de l’azur tropical ;
sur les rivages duvetés de ta chevelure,
je m’enivre des odeurs combinées du
goudron, du musc et de l’huile de coco.
Laisse-moi mordre longtemps tes tresses
lourdes et noires. Quand je mordille tes
cheveux élastiques et rebelles, il me
semble que je mange des souvenirs.
Cette chanson est une reprise. Sa version originale a été créée par
Charles Baudelaire
Paroles2Chansons dispose d’un accord de licence de paroles de chansons avec la Société des Editeurs et Auteurs de Musique (SEAM)