Réquisitoire contre Yvan Dautin
19 octobre 1982
Françaises, Français,
Beiges, Belges,
Topinambourgeoises, Topinambourgeois, Topinenseinémarne, Topinoportugal,
Schizophrènes, schizo-freins,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Bonjour ma colère ! Salut ma hargne ! Et mon courroux...
Coucou.
Le procès d'aujourd'hui, mesdames et messieurs les jurés, me plonge dans un embarras qui confine à la confusion la plus extrême. En effet, le souci permanent de l'objectivité la plus rigoureuse qui préside ordinairement aux débats de cette cour me contraint de vous faire ici une confession grave concernant mes rapports avec l'accusé Yvan Dautin ici présent. Cet homme, mesdames et messieurs les jurés, est beaucoup plus qu'un camarade pour moi. Oh non, je vous en prie, monsieur le président, ne cherchez pas à souiller d'un mot ordurier la noble réputation de probité qui nimbe cette robe austère de la justice, sous laquelle, si ça continue, on va pouvoir construire un éros center de campagne transformable en podium Inter pour le jeu des mille fesses de Lucien Lassmance !... Non, mesdames et messieurs les jurés, cet homme n'est pas ma femme. C'est mon mari ! C'est mon ami. Alors, vais- je l'accabler et demander que lui soit appliquée la pei-peine maximum comme il le mérite, ou bien vais-je au contraire exiger qu'on l'acquiquitte ?
Cruel dilemme que la main de Corneille n'eût pas nié ! Je suis dubitatif, je dis bien dubitatif et non pas éjaculateur précoce, je le précise à l'intention des éventuels avocats émigrés qui m'écouteraient d'une portugaise distraite, entre deux overdoses de jus de morue. Étant dubitatif, mesdames et messieurs les jurés, dans le doute, je m'abstiendrai comme je le fais habituellement quand on me demande de choisir entre la peste ou le choléra, ou entre Giscard et Mitterrand. Aussi bien, oublions ce procès perdu d'avance, et rendons-nous plutôt à Bourges pour y retrouver le jeu des mille fesses, une émission d'Henri Tumnique animée par Lucien Lassmance.
Pierre : Chers amis, bonjour ! à cheval sur le lièvre et le cardinal du Berry, Bourges, capitale mondiale de la bourgeoisie, douillettement tapie sous les framboisiers tricentenaires de la rue des Framboisiers-Tricentenaires, abrite, sous les couscoussiers en fleur de l'avenue des Couscoussiers-en-Fleur, le plus pur joyau de l'art médiéval berrichonien. Du haut de la célèbre rue de Séraucourt, on peut admirer sans peine le bas de la célèbre rue de Séraucourt, et les admirables vitraux du XIIIe de sa cathédrale flamboyante dont la légende nous dit qu'elle est flamboyante.
Patrie de Louis XI, de Jacques Cœur et de Bouda- loue, Bourges connut jusqu'aux XVIe siècle une prospérité essentiellement basée sur le dressage des nains à qui elle doit, aujourd'hui encore, son esprit petit-bourgeois.
Mais sans plus attendre, nous allons accueillir notre candidat - on l'applaudit -, c'est une candidate, madame Louise Regote.
Luis : Je ne suis pas celle que vous croyez. Je suis un homme.
Pierre : Excusez-moi. Votre robe plissée...
Luis : Ça n'a rien à voir. C'est parce que je dors dans ma valise... Je dois dire que je suis très heureux de participer au jeu des mille fesses. J'adore les fesses. Surtout quand il y en a mille.
Pierre : C'est très aimable à vous. Chers amis, si monsieur Rego aime tellement les fesses, c'est qu'il a le bout relié.
Luis : Non. Je n'ai pas le bout relié. Je suis bourrelier.
Pierre : C'est très aimable à vous. À la table des renforts, votre ami le docteur Jerry Tulassan, trou- ducologue à l'université de Pinotechnie de Bourges, et fessologue à l'université La Digue, de Nantes. Docteur Jerry Tulassan, ces voyages incessants entre Bourges et Nantes doivent vous épuiser ?
Yvan : En effet. Quand je pense à faire Nantes, je m'plante. (Chantant :) Quand je pense à faire Nantes...
Pierre : C'est très aimable à vous. Et voici la question nœud de monsieur Arthur Oh oui-oh oui, de Saint-Godemichel dans les Vits-rayés orientables. Écoutez bien, monsieur Rego : Quel est l'auteur du Boléro de Ravel ?
Georges (avec un crayon sur un verre) : Ding, ding, ding, ding...
Luis : Voulez-vous dire à votre ami d'arrêter de faire ding ding, ça m'empêche de me concentrer... Le Boléro de Rabol ?... Mozart ?... Lelouch ?...
Georges : Ding-dong (final).
Pierre : Voici maintenant la question branche de monsieur Jean-Edern Ott' Tamain-Vlamamère, à Poil, dans la Bouche-du-Rhône, qui vous demande quel est le nom de l'archipel du Pacifique qui a donné son nom à une maladie vénérienne bien connue des pèlerins de Lourdes ?
Georges : Ding, ding, ding, ding...
Luis : ... Ipissa?... L'archipel de la Ch'touille ? Les Iles-sous-le-Vent ?... Guernezob... Les Blénnora- giennes ?... Siphylos ?...
Georges : Ding-dong (final).
Pierre : Je suis désolé, monsieur, mais je vois que votre renfort s'agite sur sa chaise et qu'il nous donnera la réponse tout à l'heure. Mais passons à la question courge, à moins que vous ne vouliez dès à présent tenter le branlo ?
Public (lancé par Georges): Bran-lo! bran-lo! bran-lo !...
Luis : OK. Branlo.
Pierre : Eh bien, voici la question du branlo. C'est une question de monsieur Jean Peupu-Soimienne, de Grasse, dans le Mord-moi-l'Bihan : Quel est l'intrus entre Denise Fabre, Régis Debray et le savant chinois du Xeme siècle Li yu Fang ?
Georges : Ding, ding, ding, ding...
Luis : Vous ne trouvez pas qu'on sent le courant d'air dans le dos ici ?
Pierre : C'est très aimable à vous. Je répète la question : quel est l'intrus entre Denise Fabre, Régis Debray et le savant chinois du xiiie siècle Li yu Fang ?
Luis : L'intrus, c'est Li yu Fang. C'est le type qui a inventé la poudre.
Pierre : Bravo, monsieur Rego ! Vous pouvez partir en emportant les mille francs du branlo, mais vous pouvez aussi tenter les trois mille francs du super branlo !
Public (lancé par Georges) : Super ! super ! super !...
Luis : Bon d'accord, faites-moi le plein de super...
Pierre : C'est très aimable à vous. Alors voici la question du super branlo qui nous est adressée par madame Raymond Continue-Connard, de Limay, dans le Noir, qui vous demande - écoutez bien : Quelle méthode utilisait-on au XVIe siècle à l'université de Pinotechnie de Bourges, pour enseigner aux jeunes gens et aux jeunes filles la masturbation ?
Georges : Ding, ding, ding, ding...
Luis : Vous me demandez de quoi-t-est-ce qu'on astique-t-on mon client ?... Eh bien... je crois savoir qu'à l'époque, les garçons pratiquaient la masturbation... à deux mains ?
Pierre : Bravo ! Chers amis de Bourges, c'est la bonne réponse ! On enseignait au XVIe siècle, à Bourges, la masturbation À DEUX MAINS SI VOUS L'VOULEZ BIEN !
Donc Yvan Dautin est coupable, mais son avocat vous en convaincra mieux que moi.
Yvan Dautin : Ce poète chantant passait plus de temps à rimer qu'à trimer et a fini par trouver le succès sans le chercher. Ce qui est mieux que le contraire.
Paroles2Chansons dispose d’un accord de licence de paroles de chansons avec la Société des Editeurs et Auteurs de Musique (SEAM)