Je suis r’venu r’voir une barmaid
Qu’j’avais connue vingt ans plus tôt
À la terrasse d’une migraine
Assis dans un verre de porto
Je suis r’passé finir mon glass
Les regrets, ça a le bras long
Les amoureux, y faut qu’ça r’fasse
Toujours leur ch’min d’croix à r’culons
Quel con a dit « y a rien qui s’passe » ?
La barmaid est d’venue patronne
Elle écoute des radios libres
Qui libèrent des chansons connes
Pour trois touristes à la dérive
Elle a un mouflet qui m’grimace
C’est effrayant comme il ressemble
Au r’présentant en boules de glaces
Qui passait prendre les commandes
Quel con a dit « y a rien qui s’passe » ?
L’hôtel est toujours sans étoile
Mais les nappes sont en tissu
Les serviettes aussi, c’est peau d’balle
Pour écrire des chansons dessus
Y a plus d’sandwiches, que des frites grasses
Un plat du jour à deux euros
Un bordeaux plutôt dégueulasse
Entre poire et le livarot
Quel con a dit « y a rien qui s’passe » ?
Le vent a dépeint les peintures
Des tables et des chaises en fer
Ici y a trois couleurs qui durent
C’est le vert, le vert, et le vert
Ici la marée reste en place
Et les eaux restent entre deux eaux
Des noyés r’montent à la surface
Pour choper le cul des bateaux
Quel con a dit « y a rien qui s’passe » ?
La vie est pas chiche en pourboires
Quand l’cœur fait des extras d’chagrin
Tant pis, j’vais au bout du comptoir
J’prends la piste de quatr’-vingt-et-un
Je jette les trois dés pour la classe
Je fais un quatre, je fais un deux
Au troisième coup, je claque un as
Je ris, je paie, je sors, adieu !
Quel con a dit « y a rien qui s’passe » ?
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