Ils s'étaient rencontrés un soir
Dans les tintements du p'tit bar
Elle jeunette, fleur de printemps
Lui à l'automne de sa vie
Elle le croqua de ses yeux bleus
Pour elle, il n'y avait plus qu'eux deux
En ce doux moment, hors du temps
Où naissaient toutes leurs envies
Baiser furtif, et mots d'amour
De cet amour que l'on fait
Cette passion qui sans détour
Vous rend accro, vous rend benêt
C'était à n'y comprendre rien !
Mais à quoi bon comprendre l'amour
Qui fait si mal, ou tant de bien ?
L'amour on n'le comprend jamais !
Les amoureux du Père Lachaise
S'en vont à travers les allées
Entre les tombes et le ciel bleu
Ils auraient bien tout partagé
Les amoureux du Père Lachaise
Auraient bien pu tout oublier
Elle qui n'avait pourtant écrit
Pour personne d'autre que pour elle
La voilà qui lui écrivit
Candide, son premier poème
Elle aurait bu avec ardeur
Ses mots à lui pendant des heures
L'aurait admiré, dévoré
L'aurait tout simplement aimé
Mais dans chacune de leurs chaumières
Mari et femme les attendaient
Lui était même déjà père !
Et elle des gosses ? Elle y pensait
Mais entre eux deux, c'était aut'chose
C'était le désir et l'osmose
C'était folie, c'était passion
Comme une poésie d'Aragon !
Les amoureux du Père Lachaise
S'en vont à travers les allées
Entre les tombes et le ciel bleu
Ils auraient bien tout partagé
Les amoureux du Père Lachaise
Auraient bien pu tout oublier
Et malgré leurs envies volages
Ils décidèrent de rester sages
Après tout, quand on s'aime autant
À quoi bon devenir amants ?
Mais, secrètement, elle espère
Que quand pour lui viendra l'hiver
Il viendra enfin réchauffer
Ses os au creux de son été
Les amoureux du Père Lachaise
S'en vont à travers les allées
Entre les tombes et le ciel bleu
Ils auraient bien tout partagé
Les amoureux du Père Lachaise
Auraient bien pu tout oublier
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