Dire que le temps passait et que je restais là
Ma chaise nous berçait, mes pyjamas et moi
J’aurais pu, si j’voulais, partir faire une ballade
Les montagnes attendaient que je les escalade
Dire que le temps passait comme des millions d’wagons
Qui roulaient, qui s’ruaient vers un bel horizon
J’tais à deux pas d’la gare, mais c’tait deux pas de trop
Pis tant qu’à être en r’tard, j’préférais faire dodo
Quand j’me suis réveillée, ben me v’là toute déçue
Le train était passé et m’était passé d’sus
J’aurais voulu bouger pis me reprendre en main
Mais l’temps m’avait clouée à mon siège en rotin
Quand l’temps nous passe su’l’corps, des fois on s’en sort bien
Des fois ben, ça frappe fort pis on s’en sort moyen
Moi j’ai frôlé la mort mais la mort s’est sauvée
Pis j’ai pas fait l’effort d’aller la rattraper
J’ai pas bougé d’ma rue, j’ai pas quittée l’village
Non j’suis pas disparue, au diable le grand voyage
J’suis restée dans ma chaise devant ma grosse télé
J’ai eu comme un malaise, c’qu’y appellent un ACV
Ben moi la paresseuse, j’me surprends à rêver
Que j’suis une grande danseuse pis qu’j’fais d’la course à pied
Mais ma chaise en rotin est devenue nécessaire
Parc’qu’moi ben, j’sens pu rien d’la taille jusqu’à terre
Ma langue est endormie
Pendant qu'mon esprit danse
Pis là mon grand défi
Ben, c'est de dire c'que j'pense
Le temps s'en va très loin
Moi je suis clouée là
Et ma chaise en rotin
Elle me va comme une croix
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