Aimer, c'est la moitié de croire.
Victor Hugo
Les rideaux sont baissés & la porte est fermée :
Un seul rayon perdu glisse furtivement,
Et vient illuminer l'atmosphère embaumée.
Là, dans son grand fauteuil la mère simplement,
Tenant sur ses genoux la Bible de famille,
Explique à ses enfants le Nouveau Testament.
Son jouet dans les bras, la plus petite fille
Veut écouter aussi le récit merveilleux,
Comme font ses aînés dont le regard scintille.
Car il n'est pas de conte entre les contes bleus
Qui vaille cette belle & pathétique histoire,
Où Jésus est si bon pour tous les malheureux.
Les autres, qui voudraient graver dans leur mémoire
Chaque verset que lit leur mère à haute voix,
Se penchent, car aimer c'est la moitié de croire.
Et, rendus attentifs & graves, tous les trois
Comme un parfum divin aspirent la Parole
Qu'ils trouvent, disent-ils, plus belle chaque fois.
Adieu le jeu bruyant & la chanson frivole !
Ils préfèrent le Christ qui parle du devoir
Et met l'enseignement dans une parabole.
Sources pures encore où le ciel peut se voir,
Leurs coeurs vierges & neufs, enivrés de lumière,
S'ouvrent avec candeur pour la mieux recevoir.
La lecture finie, ils ont fait la prière :
Amen ! dit une voix plus grave derrière eux.
C'est leur père debout & baissant la paupière.
Allez, allez, dit-il, mes petits bienheureux,
Laissez-moi seul auprès de votre bonne mère.
Et, poussant un soupir profond & douloureux :
- Ah ! devant ces enfants je sens mieux ma misère,
Et combien ma science est peut de chose en soi.
Je veux connaître aussi la chose nécessaire :
Toi, qui m'apprends l'amour, enseigne-moi la foi !
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