Madelon est un' joli' blonde
Qui n'fréquent' pas les ateliers
Le long d'la Sein', ell' vagabonde,
Elle est l'ami' des mariniers
Dans les sentiers qui suiv'nt les berges
C'est là qu'toujours ell' a vécu
Ses yeux sont clairs comm' ceux des vierges
Et cependant… c'qu'ils en ont vu !
R. Au bord de l'eau,
Quand l'ciel est beau,
On la voit passer amoureuse,
Ell' marche en s'balançant,
Où la pousse le vent,
En quête d'un marinier galant
Elle a du chien,
Ça lui va bien,
On l'appell' la bell' chaloupeuse ;
Ell' cherche un gars costaud
Qui lui porte à la peau
Et qui l'emmène au fond d'son bateau.
Un beau soir,
Elle eut un' querelle
Avec l'amant qu'elle adorait.
Tu veux m'plaquer, lui criait-elle !
Comme une folle, ell' le mordait.
Avant qu'l'homm' ne reprit haleine,
D'son lingue au cœur, ell' le piqua,
Puis balança l'corps dans la Seine ;
Huit jours plus tard on l'retrouva !
R. Au bord de l'eau,
Quand l'ciel est beau,
Elle ne fait plus la crâneuse,
Ell' marche en s'balançant,
Où la pousse le vent,
Le front courbé, le r'gard moins ardent.
Quand un passant
Lui dit gaiement :
Tu viens ? ma jolie chaloupeuse ;
Ell' lui répond tout bas :
T'es pas assez beau gars,
J'en trouv' de mieux qu'toi et j'n'en us' pas !
Oui ! le remords a fait son œuvre,
D'puis qu'elle a eu du sang aux mains.
Ell' treml', se gliss' comme un' couleuvre,
Ell' ne sait plus fair' de chopins !
Ell' devient pâle, ell' perd la boule,
Son homm' de là-haut la poursuit ;
L'jour, pour oublier, ell' se saoule,
En zigzaguant, ell' sort la nuit !
R. Près d'l'eau un soir,
Par un ciel noir,
Elle allait, lente et douloureuse,
V'là que dans l'flot brumeux,
Elle aperçut deux yeux,
Les deux grands yeux de son amoureux.
D'vant l'fleuv' profond
R'trouvant d'l'aplomb,
Ell' cria : j'suis ta chaloupeuse !
Tu la veux, mon coco,
Tiens, la v'là, ma sal' peau !
Et ell' se laissa glisser dans l'eau !
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