Sans dire un mot Sylvie lâche
le bœuf en sauce
Claque la porte et cassos !
Fini les gosses, les chiens,
les chats, la télé
Le mari affalé
Elle prend congé
Son rêve a fondu
Rend son tablier
Taché de temps perdu
Elle va devant, elle sent que c’est par là
Sa vie d’avant disparaît sous ses pas
Coralie crie qu’elle craque,
et tout c’ qui s’en suit
Claque la porte et partie !
Fini les j’ peux pas, les j’ suis pris,
les mensonges
Les nuits blanches à rallonges
Se fait la malle
Le cœur abîmé
Destin banal
Trahi par l’être aimé
Elle va tout droit,
veut jouer les sans-pardons
Les hors-la-loi des amours à la con
Battue, l’œil glauque
et la paupière déchirée
Claque la porte et barrée !
Deborah court
et déboule comme une furie
Dans la rue sous la pluie
Elle met les bouts
Elle pleure et elle rit
Sujet à bout
Violé par son mari
Elle va devant, veut traverser la toile
Suivre ces femmes guidées par les étoiles
Qui filent au carr’four
des plus belles étincelles
Remettre un éclat dans leurs prunelles
Femmes de plein-vent
qui troquent au ferrailleur
Un passé rouillé contre des jours meilleurs
Femmes de plein-vent,
de pleine mer ou d’ailleurs
Qui prennent la vie
de plein fouet de plein coeur
Hanifa se redresse et dit « j’ n’y crois plus »
Claque la porte et salut !
Fini la honte et la culpabilité
Le pêché d’exister
Elle met les voiles
Les yeux vers les cieux
Ose et dévoile
Son visage au Bon Dieu
Elle va tout droit, veut modifier l’Histoire
Poser sa croix, effacer sa mémoire
Sans respirer, Louise attend le couvre feu
Claque la porte et adieu !
La trouille au ventre et les sirènes à ses
trousses
Prend la clef d’ la cambrousse
Se fait la belle
L’espoir dans les yeux
Fuit les cruels
Les barbares, les furieux
Elle va devant,
pense à passer la ligne
Faire comme ces femmes
qui survivent et s’indignent
Et filent au carr’four
des plus belles étincelles...
(refrain)
Elle rentre à pied
par la rue des Délaissés
Pousse la porte, résignée !
Il n’y a personne
pour accueillir Salomé
Personne pour l’embrasser
Elle erre en vain
Dans l’appartement
Dégage enfin
Ses poignets calmement
Elle sent du feu
au passage de la lame
Et ferme les yeux
en pensant à ces femmes
Qui filent au carr’four
des plus belles étincelles...
(refrain)
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