A Antoine Cros
Au bord d’un étang bleu dont l’eau se ride
Sous le vent discret d’une nuit d’été,
Parmi les jasmins, foulant l’herbe humide
Avez-vous jamais, rêveur, écouté
La voix de la vierge émue et timide
Qui furtive, un soir, pour vous a quitté
Le foyer ami – depuis froid et vide
Où, les parents morts, plus rien n’est resté?
Parfum de poison, volupté cruelle
D’avoir arraché du sol ce lys frêle
Et d’avoir hâté l’oeuvre des tombeaux…
Ô destruction de quels âpres charmes
Es-tu donc parée? Et, voilés de larmes,
Pourquoi les yeux clairs en sont-ils plus beaux?
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