Deux amants un enfant
Ne vois pas mais j’entends
Mes amis
Un cri franc et coupant
Et moi qui cours devant
Qui gémis d’être en vie
Sauve qui peut de la mort
Sauve qui est assez fort
Sur ses jambes
S’effondre le décor
Sans aucune métaphore
Ma vie tangue
Un trou noir dans le temps
Un troublant froissement
En dedans le cafard
La terre en convulsions
Fait fondre ma maison
Au revoir
Dans un nuage de cendre
Une vue indécente
La souffrance
Sous mes pieds le fracas
Dans mon cœur un éclat
D’impuissance
Je suis toujours vivante
Même si déjà mon ventre
Part en poussière
Ce qu’il me reste d’âme
Vacille comme une flamme
La colère
Au bout de mes bras frêles
Je porte ma terre belle
Même défaite
Que la poussière s’efface
Que mes souvenirs se tassent
Pour l’espoir
Je chante pour prier deux fois, pour crier ma foi
Je prie pour calmer en moi les restes d’effroi
Je voudrais qu’on étende
Comme un drap grand et tendre
Un blanc sur ma mémoire
J’aimerais me détendre
L’esprit dans les méandres
D’un oubli blanc ivoire
Que le néant me berce
Que les enfants renaissent
De la terre
Qu’enfin passe l’averse
Sur mon pays tristesse
La lumière
Si vous voyez dans mes yeux la couleur de la terre brisée
Demandez-lui qu’elle regrette, qu’elle ait mal à la tête de s’être emportée
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