Les morts vont vite.
BURGËR.
I
Du front des sources qui, sans trêve,
Se lamentent sous les gazons,
Vers le ciel bleu des horizons
Ils sont remontés, comme un rêve :
Fils des terrestres éléments,
Nés des pleurs éternels de l’onde,
Plus haut que ses gémissements
Ils ont fui par delà le monde !
Et, sous leurs ailes obscurci,
L’azur attristé les emporte,
Les Nuages, blanche cohorte…
— Les Morts légers passent ainsi. —
II
S’il est vrai que les morts vont vite,
D’où viennent-ils, où s’en vont-ils,
Ces souffles errants et subtils
Qu’une âme vagabonde habite ?
Oh ! si vous vivez sans remords,
Votre douleur fut éphémère,
Vous qui laissez errer vos morts
Ainsi que des enfants sans mère !
— Les miens ! — j’ai su les retenir
Dans mon cœur, jalouse demeure
Où chaque matin je les pleure
Pour les empêcher de partir.
III
Pour les empêcher de partir
Je leur parle avec vigilance,
Je les écoute, — et leur silence
Ne lasse pas mon souvenir !
Car l’oubli seul donne des ailes
Aux morts que nous avons pleures,
Et, si vous êtes immortelles,
Ames, mes sœurs, vous m’attendrez !
La même fange nous rassemble ;
Le même azur, Dieu nous le doit !
— Quand le nid devient trop étroit,
Tous les oiseaux partent ensemble.
IV
Aux oiseaux vagabonds pareils,
Les nuages, blanche cohorte,
Plus haut que l’azur qui les porte,
Montent-ils vers d’autres soleils ?
Par delà les sphères mortelles,
Rencontrent-ils des cieux plus beaux ?
— Où vont ces Icares nouveaux
Fondre la neige de leurs ailes ?
Tristes de l’éternel souci
Que font les choses inconnues,
Nous poursuivons le vol des nues…
Les Morts légers passent ainsi !
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