La jeunesse est un arbre aux larges frondaisons,
Mancenillier vivace aux fruits inaccessibles ;
Notre âme et notre cœur sont les vibrantes cibles
De ces rameaux aigus d’où suintent les poisons.
Ô feuilles, dont la sève est notre sang ! Mirage
Masquant le ciel menteur des jours qui ne sont plus !
Ironiques espoirs qui croissez plus touffus !
Tous nos désirs vers vous sont dardés avec rage.
Nulle bouche n’a ri, nul oiseau n’a chanté,
Nulle fleur n’est éclose aux grappes jamais mûres.
D’où viennent ces parfums, ces rires, ces murmures,
Vains regrets de ce qui n’a jamais existé ?
Arbre vert du passé, mancenillier sonore,
Je plante avec effroi la hache dans ton flanc,
Bûcheron altéré d’azur, vengeur tremblant,
Qui crains de ne plus voir le ciel mentir encore