À Armance.
Saigne, saigne, mon coeur saigne ! je veux sourire.
Ton sang teindra ma lèvre et je cacherai mieux
Dans sa couleur de pourpre et dans ses plis joyeux
La torture qui me déchire.
Saigne, saigne, mon coeur, saigne plus lentement !
Prends garde ! on t’entendrait saigne dans le silence
Comme un coeur épuisé qui déjà saigna tant,
A bout de sang et de souffrance !
Quand parmi les sans-coeur, pauvre coeur, je te traîne,
Sous mon froc étriqué, tu saignes dans ta nuit.
Les six lignes de chair de la poitrine humaine
Pourraient trahir ton faible bruit.
Mais je ne permets pas aux hommes de la foule,
Insolents curieux de tout cruel destin,
De t'approcher, coeur fier, pour entendre en mon sein
Dégoutter le sang qui s’écoule.
Saigne, saigne, mon coeur J’étoufferai l’haleine
Qui pourrait, à l’odeur, révéler le martyr !
Saigne et meurs, coeur maudit car la Samaritaine
Manque à jamais pour te guérir !