La vie est implacable et lâche
Et n’est clémente qu’aux méchants ;
Car elle meurtrit sans relâche
Les coeurs vers le devoir penchants
C’est la marâtre qui torture ;
C’est la courtisane qui ment,
Et tout, dans la grande nature,
N’est qu’ironie et que tourment.
Gloire à ceux qui, bravant le doute,
Et, d’eux-mêmes bornant leurs pas,
Ont ouvert à leur propre route
Les portes d’ombre du trépas.
Puisque l’effroi nous prend de suivre
Ces grands morts, d’eux-mêmes vainqueurs,
Et que l’amertume de vivre
Tente invinciblement nos coeurs,
Ah ! du moins, sans plainte à la bouche
Et sans importuner les cieux,
Suivons, vêtus d’orgueil farouche,
Notre chemin silencieux.
Et, sans plier sous le mystère
Que les siècles ont obscurci,
Sachons descendre sous la terre
Sans avoir demandé merci !