Cette semaine dans Explizik, par Pierre Niboyet
Je vous parle de Bad Bunny : la superstar portoricaine qui n’arrête pas de monter.
Au-delà de son histoire personnelle, ce qui m’intéresse, c’est d’analyser ce que cet immense succès nous raconte de l’industrie du divertissement aujourd’hui.
Comme souvent ces derniers temps, j’ai eu envie de vous parler de Bad Bunny, grâce aux excellents articles du média rap Trapital.
Dan Runcie, son auteur, racontait dans un article comment Bad Bunny est passé du supermarché à la superstar.
Eh oui, en 2016, Bad Bunny travaillait dans un supermarché et uploadait des morceaux sur Sound Cloud pendant ses temps libres.
6 ans plus tard, il est l’artiste le plus streamé de Spotify sur une journée, devant Drake, il a une tournée des stades nord-américains qui affiche complet (et qui pourrait générer selon les estimations environ 200 millions de dollars).
Et tout ceci sans avoir jamais chanté une fois en anglais. JAMAIS.
Ce n’est pas la première superstar à émerger d’Amérique latine et à parvenir à conquérir l’Amérique du Nord. On se souvient des Shakira, Ricky Martin et j’en passe. Mais souvenez-vous, ils avaient tous deux percé au US avec des titres en anglais.
Bad Bunny, lui, le fait avec des titres uniquement en espagnol. Et on pourrait même penser qu’il prend un malin plaisir à le faire.
Lorsque les journalistes l’interrogent sur le sujet, il explique qu’à son avis, l’espagnol est plus cool que l’anglais. Il se réjouit de pouvoir percer mondialement sans être forcé de chanter en anglais !
Taquin, il précise qu’il a déjà chanté en japonais, et donc, pourquoi pas essayer un jour l’anglais. Les anglophones les plus engagés apprécieront qu’un artiste latino mette l’anglais et le japonais sur un pied d’égalité. Sacrilège !
Et en fait pas tant que ça, car la nouveauté c’est aussi l’accueil que les médias américains font à ses titres 100% latino. Aux USA, c’est le premier artiste chantant en espagnol à bénéficier du même airplay, du même accès aux médias et aux récompenses que les artistes anglophones.
Un peu comme le Hip Hop dans les années 90, la musique latine est en train de s’émanciper des genres dominants.
Dans les années 90, un rappeur avait besoin d’un feat. Avec une Mariah Carey pour accéder à un succès réellement mainstream.
Cela a fonctionné pareil pour la musique latine pendant un moment.
Avec Bad Bunny, c’est l’inverse, on fait la queue pour l’avoir en feat sur un morceau.
Son succès dépasse nettement le cadre de la musique.
Il est tellement « bankable", qu’il a été sollicité par la WWE, l’entité qui organise les shows de catch en Amérique du Nord. Difficile de faire divertissement plus populaire !
La pub n’est pas en reste puisqu’il est apparu dans la dernière pub Corona.
Mais surtout, c’est sa carrière cinématographique qui est en train de décoller.
En janvier 2024, il sera la tête d’affiche du prochain Marvel, appelé El Muerto. Devinez quoi, El Muerto est un ancien catcheur ce qui colle parfaitement avec la WWE.
D’ailleurs il ne serait pas surprenant que le film soit tourné en espagnol et sous-titré en anglais !
Il avait déjà participé à la franchise de film Fast & Furious, qui regorge déjà de stars aimées par le public latin : Michelle Rodriguez, Don Omar, Ozuna etc…
Bref, Bad Bunny bénéficie d’un momentum plus que favorable et on voit mal ce qui pourrait venir enrayer la machine.
Si on prend un tout petit peu de recul sur le sujet on se dit que son succès est un tournant.
Le premier artiste à conquérir les USA sans avoir à s’adapter.
Cela pourrait aussi vouloir dire que la monoculture américaine touche à sa fin et que le streaming permet de mélanger les cultures et d’en découvrir d’autres.
Voici la première star ayant émergé grâce au streaming, capable d’atteindre des niveaux que même les superstars américaines ne peuvent pas atteindre.
Allez c’est tout pour cette semaine Comme d’habitude, Si vous ne l’avez pas encore fait abonnez vous à la newsletter. Pour me soutenir donnez moi 5 étoiles sur Apple et abonnez vous où que vous nous écoutiez.