Aux chiottes le libre arbitre
Je veux qu’on me ligote à mon pupitre
Je voudrais me complaire dans ma médiocrité
Je voudrais assumer mes élans délétères
Et puis me pardonner ou bien, même, être fier
De n’avoir fait, sur terre, rien de plus qu’être né.
Si seulement je n’avais le cynique pouvoir
De tenir ou de choir, de choisir où je vais,
Je me laisserais tomber de toute ma bassesse
Dans l’éternelle ivresse, aux doux bras de Morphée.
Aux chiottes le libre arbitre
Je veux qu’on me ligote à mon pupitre
En guise de surmoi, je n’ai qu’un chapeau.
J’ai jeté mon véto, donné ma langue au ça
Je voudrais que ma peau ne m’appartienne pas
J’en fais n’importe quoi quand tu tournes le dos
Mon amour, prends la barre ou alors la tangente
Fuis le naufrage ou plante fermement tes amarres
Mais fais que je ne sois jamais le maître à bord,
Même si je t’implore, ne me laisse aucun choix.
La liberté, ça n’est pas fait pour moi
Cela demande beaucoup trop de sagesse
Moi, j’suis qu’un poisson rouge bouffant jusqu’au trépas,
J’suis comme un chien empêtré dans sa laisse.
Attache-moi, serre bien quand m’appelle la Sorgue
Ou laisse-moi faire et viens me chercher à la morgue.
Autant qu’on ne met pas un flingue entre les mains
Du premier assassin qui se prétend soldat,
Je laisse mon destin à distance de moi
Pour ne répondre pas de ce que je deviens
Alors tout est facile et sur moi la vie coule
Je me fonds dans la foule indolente et docile
En remerciant le ciel de m’avoir fait brebis
Oubliant que la nuit, je regrette mes ailes.
Aux chiottes le libre arbitre
Je veux qu’on me ligote à mon pupitre
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