Prudhomme, fier de montrer son bon goût,
Quand il écrit des lettres, les cachète
D’un casque d’or où flotte un marabout ;
Camellia prend des airs de Nichette,
Et le docteur arbore une brochette.
Dès l’an passé, Montjoye eut ce travers
D’aller au bal en bottes à revers ;
Sur votre front Courbet met des verrues,
Nymphe aux yeux d’or, Sirène aux cheveux verts :
Voici le temps pour les coquecigrues.
Anges bouffis et vermeils, que partout
L’humble passant peut appeler : Bichette,
Dès que Plutus dresse quelque ragoût,
Cent Dalilas apportent leur fourchette.
Amour les guide au bruit de sa pochette.
Par le marteau forgé tout de travers,
C’est un jupon d’acier qui sert d’envers
Aux fiers appas de ces femmes ventrues,
Et ce rempart terrasse les pervers :
Voici le temps pour les coquecigrues.
On n’a plus d’or que pour Edmond About
Au Moniteur ainsi que chez Hachette ;
C’est pour lui seul que la marmite bout
Chez Désiré comme au Café Vachette ;
C’est lui qu’on prise et c’est lui qu’on achète.
Pourtant Venet écrit à l’Univers ;
Machin (du Tarn) dans des recueils divers
Offre au public des lignes incongrues,
Et Champfleury veut supprimer les vers :
Voici le temps pour les coquecigrues.
ENVOI
Mon cher François, vers la Touraine et vers
Vos lys, mes chants volent aux bosquets verts.
Je sais qu’ils ont des rimes un peu crues :
C’est que depuis ces dix ou douze hivers,
Voici le temps pour les coquecigrues.
Juillet 1846.
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