Je descends dans la rue quand la ville dort encore,
Juste avant l’aurore,
Pour nettoyer la fête et récurer la mémoire.
Ça colle au trottoir.
Les gouttes de pluie se mélangent à la javel.
Mes yeux dans le ciel.
Comme les oiseaux de nuit et les pigeons se mêlent
Pour fouiller les poubelles.
Et plus je balaie, plus j’ai mal.
Car plus je frotte, plus c’est sale.
Jamais ne brillera le sol d’une capitale.
Et plus la misère est banale,
Plus l’ironie est normale.
Essuyer des tâches ou essuyer des balles, j’ai choisi.
Balayer, Balayer.
Je dépense ma vie à la monnayer.
J’ai vendu mes rêves et c’est moi qui aie payé.
Balayer, Balayer.
On dira de moi que j’ai essayé.
Ça peut pas être ça, je vais me réveiller.
J’ai débarqué y’a 10 ans avec un sac en toile,
Deux t-shirts, un pantalon, des milliers d’étoiles
Qui se sont vite éteintes,
Car ma peau de ne peut pas changer de teinte.
Ici, c’est selon ton millésime
Que tu découvres l’avenir que la vie dessine.
Tu t’éreintes, te plains de quintes de toux,
Peu importe ton diplôme de médecine.
Et j’ai ravalé ma fierté, mes discours et mes espoirs.
J’ai tout fait pour travailler, travailler, travailler.
Même s’ils appellent ça le travail au noir.
Mes deux petits, eux, sont nés ici.
Ils ont la chance qui ne m’a pas souri.
Alors papa leur dit son histoire,
Je leur dis pour qu’ils ne finissent pas par...
Balayer, Balayer.
Je dépense ma vie à la monnayer.
J’ai vendu mes rêves et c’est moi qui aie payé.
Balayer, Balayer.
On dira de moi que j’ai essayé.
Ça peut pas être ça, je vais me réveiller.
Et le petit matin dévoile
Les gens bien habillés qui dévalent
Sur le macadam affamé qui les avale.
Les égouts mènent tous au canal.
Partout notre poussière est brutale.
Mais entre les caniveaux et les cannibales, j’ai choisi.
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