Toi que voici, tu es mon fils, mon fils
Et tu n'as que six ans
Ta vie est déjà là, droite comme une route
La mienne a bien connu parfois quelques déroutes
Mais je l'oublie un peu pourtant
En t'en parlant
Il te faudra, ta vie, la prendre à l'improviste
En te dressant ta liste
Des bastions à franchir
Tu grinceras des dents, avalant des couleuvres
Mais tu feras ton œuvre
S'il le faut en chialant
Toi que voici, tu es mon petit-fils
Et tu n'as que six ans
J'avais dit à papa quand il avait ton âge
De croire au maximum au petit personnage
Qu'il était en fonçant
En fonçant, en fonçant
À toi je dis, petit, presque un peu le contraire
Les gens de cette Terre
Valent qu'on soit gentil
Si l'on te prend parfois pour un naïf superbe
Sache qu'un carré d'herbe
Égalise les rois
Toi que voici, toi l'enfant que je fus
Lorsque j'avais six ans
Un peu craintif
Un peu pensif
Et solitaire
Écoute le vieux con qui a vécu trois guerres
Te parler de la vie dont il fut un amant
Au moindre appel de fleur
Quand le soleil se lève
Branche un radar du rêve
Sur la voie du bonheur
Le bonheur est partout
Il faut savoir l'attendre
Les amours de décembre
Valent bien celles d'août
Toi que voici, ta vie est déjà là
Droite comme une route
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