Fuir la ville impure
Qui n’connaît des saisons
Que cet automne obscur
Qui ne dit pas son nom
Abandonner la course
Retrouver la lenteur
D’une vie simple et douce
Dans ce possible ailleurs
Aller au sud
Voir le ciel aux millions d’étoiles
Illuminer les nuits gitanes
Chercher dans les ruelles d’Arles
L’ombre de Van Gogh ou Cézanne
Aller au sud
Boire à l’eau fraîche des fontaines
Croiser Fanny, Manon des sources
Marcher sur les pierres romaines
Et s’endormir dans la Grande Ourse
Laisser les rues trop grandes
La fureur et le bruit
Retrouver les lavandes
Et leur mauve inouï
Abandonner aussi
Les hauts murs des cités
Renoncer à l’ennui
Aux habits trop foncés
Aller au sud
Écouter le vent qui fredonne
Les mots du poète Mistral
De Nîmes jusqu’à Carcassone
Et accompagnent les cigales
Aller au sud
Pleurer les platanes abattus
Et voir les oliviers sans âge
Dresser leurs troncs noirs et tordus
Dans l’ocre de la terre sauvage
Aller au sud
Aller au sud
Et ne regretter rien
Ni les gens ni les choses
Tourner la page enfin
De ces années moroses
Esclave des tourments
Dans cette multitude
Où ne règne pourtant
Qu’une vraie solitude
Aller au sud
Vivre de ce soleil encore
Qui coule en moi comme un torrent
Et qui teinte de cuivre et d’or
Ma peau, mes cheveux et mon sang
Aller au sud
Retrouver enfin mon enfance
Dans la moindre pierre des chemins
Et donner à ma vie un sens
À l’éternité un écrin
Aller au sud
Aller au sud
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