J’envie le poisson rouge
Qui est seul dans son bocal
Au moins, l’poisson, y' bouge
Au moins, il a pas mal
Y' peut s’laisser flotter
Il est souple, il ondule
Il est en bonne santé
Y' a pas besoin d’pilule
Toute la journée, il nage
Bien sûr, c’est ridicule
Il nage dans une cage
Il court après des bulles
Mais, au moins, le poisson
Y’ est beau à voir danser
Il attend ses flocons
Il essaie pas d’parler
Moi, ben, la natation
C’est ma seule liberté
Sinon, c’est une prison
Comme à perpétuité
Ce corps de grand garçon
Qui a jamais pu marcher
Toujours en contractions
Pis toujours attaché
J’ai droit à des baignades
Quelques fois par année
On place mon corps malade
Au milieu d’une bouée
Et soudain, je décolle
J’ai l’impression que j’cours
J’ai l’impression que j’vole
C’est comme si j’tais pas lourd
Y a que dans une piscine
Que j’ai besoin d’personne
J’me sens presqu’autonome
J’veux pas que ça s’termine
J’vous jure qu' y a qu’en flottant
Que j’me sens presqu’heureux
6 pieds au-dessus du creux
J’me sens enfin vivant
Ça doit m’rappeler maman
Quand j’flottais dans son corps
Ma mère, elle pleure tout l’temps
Elle s’en r’met pas encore
D’m’avoir donné un corps
Qui r’semble à une grosse pierre
Qui est juste pas assez mort
Encore pour qu’on l’enterre
Elle m’a donné une vie
Remplie de journées vides
C’est comme gagner un prix
Un prix qui est pas valide
Au moins, l’poisson, y' peut
Valser dans ses deux litres
Il est toujours gracieux
Même pris derrière une vitre
Moi ben la natation
C’est ma seule liberté
Sinon c’est une prison
Comme à perpétuité
Ce corps de grand garçon
Qui connaît pas l’amour
Toujours en contention
Toujours le souffle court
J’ai droit à des baignades
Quelques fois par année
On place mon corps malade
Au milieu d’une bouée
Et soudain, je décolle
J’ai l’impression que j’cours
J’ai l’impression que j’vole
C’est comme si j’tais pas lourd
C’est vrai qu’la natation
Ben, c’est mon seul répit
Moi, si j’tais un poisson
Ben, j’profiterais d’la vie
Si j’tais un p’tit poisson
Je serais pas dans une chaise
À observer mes sons
Provoquer des malaises
Moi, j’connais pas le luxe
D’la spontanéité
D’ailleurs, ce mot m’rebute
Ça m’prend l’éternité
À essayer d’me rendre
À sa dernière syllabe
J’suis là qu’j’vois l’monde attendre
C’est juste insupportable
Moi, j’attends mes baignades
Comme on attend Noël
On prend mon corps malade
On l’couche et on l’attèle
Et puis on l’met à l’eau
Et là, j’ai du bonheur
Qui monte comme un sanglot
J’oublie toutes mes douleurs
J’vous jure qu’y a qu’en flottant
Que j’me sens presqu’heureux
6 pieds au-dessus du creux
J’me sens enfin vivant
Y a qu’l’eau dans les piscines
Qui m’offre des caresses
Des fois, on dirait presque
Des mains féminines…
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