Sur la grande route hier bordée de moissons blondes
Aujourd'hui dévastée par les soudards germains
Un homme fuit, hagard, l'allure vagabonde
Tandis que le canon tonne encore au lointain
Il a des gestes fous, des sursauts de colère
Ce paysan que le fer a chassé de chez lui
Au milieu du chemin il clame sa misère
Écoutez ce qu'il dit:
J'avais là-bas dans mon village
Une ferme où j'étais heureux
J'y travaillais avec courage
Pour le pain d'la femme et des vieux
J'ai trimé pendant des années
Pour acquérir ce petit bien
Puis la guerre s'est déchaînée
Et de tout ça je n'ai plus rien.
Dans la flamme et dans la fumée
Mon pauvre toit s'est abattu
Et ma raison s'est envolée
Emportant mon bonheur perdu.
Mais que vois-je au lointain dans un lugubre rêve
C'est lui l'emp'reur sinistre, ah! j'aperçois son glaive
Dans son ample manteau soutaché de fil d'or
En génie malfaisant il va, semant la mort.
Arrière, bandit
Souverain maudit
Regardez-le chevaucher dans l'espace
Voilà l'homme rouge qui passe.
J'avais une femme jolie
Qui me donna deux chérubins
Je les aimais à la folie
Ma Claudinette et mes bambins
Mais vinrent les brutes affinées
Ivres de carnage et de sang
Ils ont pris ma femme adorée
Et tué mes petits enfants.
Dans la flamme et dans la fumée
Mon pauvre toit s'est abattu
Et ma raison s'est envolée
Emportant mon bonheur perdu.
Et toi, dictateur, la face grimaçante
Tu chemines en riant sur les ruines fumantes
La Camarde te suit fauchant tes régiments
N'entends-tu pas les râles et les cris des mourants !
Arrière, bandit
Souverain maudit
Regardez-le chevaucher dans l'espace
Voilà l'homme rouge qui passe.
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