Il avait déjà manifesté son intérêt pour la nature au travers d’un épisode de la série Dix pour cent, où il incarne son propre rôle de chanteur qui veut se reconvertir dans la réalisation d’une comédie musicale « érotico-écolo ». Julien Doré nous revient toujours dans cet état d’esprit avec son nouveau morceau La fièvre.
« Je veux plus écrire les peines / Que le féminin m'a fait / Dites à Jacquie et Michel / De venir me chercher »
Un titre que l’on peut interpréter de deux façons : à la fois une chaleur presque sensuelle, qu’il incarne au travers de sa fameuse voix de crooner qui en fait fondre plus d’une, et à la fois une fièvre symptomatique d’une maladie. En jouant sur ces deux bords, sur un morceau assez léger, qui laisserait présager une ballade d’été comme il nous y a habitué avec ses titres Paris-Seychelles et Coco Câline. Et pourtant, ici, rien de tel : le sujet est véritablement lourd de sens. La planète est au coeur de ses préoccupations.
« Le monde a changé / Il s'est déplacé / Quelques vertèbres / Où était l'ostéo ? / Caché dans son dos / Attendant la fièvre»
Avec une personnification percutante, Julien Doré met en exergue les responsabilités de chacun : d’une part l’inaction de ceux qui détiennent le pouvoir et les richesses, le fameux « ostéo » qui est là, et qui détient la possibilité de faire changer les choses, mais qui attend que la « fièvre » se déclenche pour enfin réagir, et d’autre part ceux qui se soumettent aux injonctions du capitalisme, ainsi que ceux qui, en toute connaissance de cause, se complaisent dans leur tourisme de la dernière chance. Le titre est ains éminemment engagé, presque politique.
Mais ce discours est percutant dans la mesure où il ne prend pas un ton paternaliste qui pourrait en refroidir plus d’un. A l’inverse, il se veut accessible en ne quittant pas son style habituel avec sa voix de loveur. Le clip qui accompagne le titre est tout aussi léger, adoptant presque un ton humoristique, avec ce visage remplacé par une planète, personnifiant cette dernière, et rappelant qu’elle est en nous tous. Interpeler Jacquie et Michel non pas pour les femmes mais pour faire l’amour à la terre est évidemment assez cocasse, mais rentre dans cette logique un peu érotico-écolo, qui dépolitise les enjeux environnementaux et les rends quelque part un peu plus humains, et appelle à ce que tout le monde soit concerné.