Doux, tout doucement
Je me balance
Tout abandonné
Aux caprices des vents.
Les yeux grands ouverts
Je sombre dans l'enfance
Quand elle me berçait
Dans ses bras, ma maman.
Doux, tout doucement
Vient l'exquise jouissance
Qui m'arrache l'échine
De son spasme brûlant.
Pâle, abandonné
A ma seule innocence,
Dernier râle d'amour,
Je prends du bon temps.
Doux, tout doucement
Voici l'aube qui point.
Doux, tout doucement
Le soleil fait un signe.
Il viendra tantôt
Me réchauffer les flancs
Noircir ce grand corps
Tout gonflé de vermines.
Doux, tout doucement
La corde me ronge.
Mon esprit tantôt
S'en va quitter mon corps.
Puis ma tête ira
se rafraîchir à l'ombre
au pied du gibet où je pends
Tristement
Cru cruellement
les corbeaux incrédules
vont me becqueter les yeux
bouffer mes ornements
se remplir la panse
de ma sombre infortune
gaver leurs petits
des restes du mourant
Doux, tout doucement
Je me balance
Tout abandonné
Aux caprices des vents.
Les yeux grands ouverts
Je sombre dans l'enfance
Quand elle me berçait
Dans ses bras, ma maman.
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