Sur la plage où naissent les mondes
Et l’hirondelle au vol marin
Il revenait chaque matin
Les yeux brûlés de sciure blonde
Son cœur épanoui dans ses mains
Il parlait seul. Son beau visage
Ruisselait d’algues. L’horizon
Le roulait dans ses frondaisons
D’étoiles et d’œillets sauvages
Amour trop fort pour sa raison
« Soleil, disait-il, que l’écume
Soit mon abeille au pesant d’or
Je prends la mer et je m’endors
Dans la corbeille de ses plumes
Loin des amis restés au port
Ah que m’importent ces auberges
Et leurs gouttières de sang noir
Les rendez-vous du désespoir
Dans les hôtels meublés des berges
Où les filles font peine à voir
J’ai préféré aux équipages
Le blanc cheval de la marée
Et les cadavres constellés
Qui s’acheminent vers le large
À tous ces sourires navrés
La mort s’en va le long des routes
Parfume l’herbe sur les champs
Il fait meilleur dans le couchant
Parmi les anges qui écoutent
Les coraux se joindre en tremblant »
Il disait encor maintes choses
Où de grands cris d’oiseaux passaient
Et des feux rouges s’allumaient
Sur sa gorge comme les roses
Dans les premiers matins de mai
On vit s’ouvrir les portes claires
Les sémaphores s’envoler
Et des ruisseaux de lait couler
Vers les étables de la terre
D’où l’homme s’en était allé
Ébloui par tant de lumière
Il allait regardant parfois
La fumée courte sur le toit
L’épaule ronde des chaumières
Sans regretter son autrefois
Car il portait sur sa poitrine
Les tatouages de son destin
Qui disent « Soleil et bon grain »
À tous les hommes qui devinent
L’éternité dans l’air marin.
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