I
Qui de nous, jeune encore et naïf, n’a connu
L’inexplicable émoi d’un amour ingénu
Qui s’éveille au milieu d’un riant paysage ?
Je le revois toujours le pâle et doux visage
De celle qui m’aima d’un amour si profond.
Nous n’avions que vingt ans tous les deux ; c’était au fond
D’un hameau du pays flamand, presque à l’automne :
Chaque matin, quittant le hameau monotone
En bandes, nous allions courir le long des blés.
Elle et moi, nous restions en arrière, troublés
De nous voir ainsi seuls dans la grande Nature.
Nous marchions sans savoir comment, à l’aventure ;
Ses doigts pressés les miens et nous causions très peu ;
La brise se jouait dans son fin jupon bleu
Et découvrait le bout de sa bottine noire …
Que dirai-je encor ? C’est l’éternelle histoire
Des amants qui s’en vont dans les sentiers fleuris :
Les premières rougeurs et les aveux surpris
Quand on marche à pas lents, en se touchant l’épaule,
Le long des buissons verts dont la branche vous frôle ;
Les fossés où l’on trempe en frissonnant la main,
Les petits ponts de bois qu’on rencontre en chemin
Et sur lesquels on marche en se tenant ensemble ;
Le rire peu fréquent, mais si joyeux qu’il semble
Dans sa vibration égayer les échos ;
Les jeux dans les bluets et les coquelicots ;
Les papillons qu’on chasse et les bouquets qu’on cueille ;
La chaumière où le vieux paysan vous accueille
Avec un geste gauche en ôtant son bonnet ;
La tasse de lait chaud qu’on boit et qui vous met
Sur la lèvre qui rit ses fines perles blanches ;
Puis enfin le retour attendri sous les branches
- Avec tous les amis qu’on rejoint à regret
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