Bien peu vous m’enseignâtes, Gide,
et m’emmerdâtes infiniment.
Que votre ouvrage a pris de rides !
De nos jours, il ferait un bide.
Vaut-il qu’on s’y arrête un temps ?
Pourtant vous eûtes la part belle
et renommée universelle.
« Nathanaël, Nathanaël,
je t’enseignerai la ferveur »
bêlâtes-vous, toujours rebelle.
Fourvoyant vos admirateurs,
vous fûtes à côté de la plaque,
chaque époque éveillant ses leurres.
Mais toute vague a son ressac.
Pour oser ternir votre image,
doit-on se cacher le visage ?
Au fond, qui m’en tiendra rigueur ?
Mais revenons à nos moutons.
Du sujet, ne nous écartons…
Au premier jour de sa naissance,
lorsque la vie lui est donnée,
de ferveur tout être est doté,
immensément, sans réticences.
Dès lors, prétendre l’enseigner
est, à vrai dire, un contresens…
Or, qu’en est-il d’un tel cadeau ?
Il ira, étalant son drame
sur le parcours d’une existence.
Ce sera par petits morceaux
et comme arrachés à notre âme
que la ferveur, ce pur joyau,
s’émiettera, trahie, gâchée,
plus que souvent dégueulassée.
Ça fait très mal. Qui ne le sait ?
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