Le Laboureur
Albert Samain
paroles Albert Samain Le Laboureur

Albert Samain - Le Laboureur Lyrics

Mars préside aux travaux de la jeune saison ;
A peine l’aube errante au bord de l’horizon
Teinte de pâle argent la mare solitaire,
Le laboureur, fidèle ouvrier de la terre,
Penché sur la charrue, ouvre d’un soc profond
Le sein toujours blessé, le sein toujours fécond.
Sous l’inflexible joug qu’un cuir noue à leurs cornes,
Les boeufs à l’oeil sanglant vont, stupides et mornes,
Balançant leurs fronts lourds sur un rythme pareil.
Le soc coupe la glèbe et reluit au soleil,
Et dans le sol antique ouvert jusqu’aux entrailles
Creuse le lit profond des futures semailles
Le champ finit ici près du fossé bourbeux ;
Le laboureur s’arrête, et dételant ses boeufs,
Un instant immobile et reprenant haleine,
Respire le vent fort qui souffle sur la plaine ;
Puis, sans hâte, touchant ses boeufs de l’aiguillon,
Il repart, jusqu’au soir, pour un autre sillon.


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