Y a des noms, des dates, des anecdotes de famille
Des lieux, des plaques, des récits et des photos qui s'abiment
Y a une culture, y a des traditions
Une unique certitude et mille contradictions
Y a ce paradoxe entre le rejet d'c't' identité ancrée
Et une manière de s'en réclamer sans le clamer d'emblée
La conscience que la vie est une chance accordée. Et ce poids d'une souffrance impossible à porter
Ce sentiment de ne jamais être à la hauteur de ceux
Résistant avec honneur jusqu'à leur décès
Y a les actes des justes, et les écrits des sages
Les traces des luttes, y a les chiffres des crimes d'État
Une résonance du deuil parfois exagérée
Malgré les traumatismes, faut pas se mentir, on n'y a pas été
Y aura toujours le mépris de ceux qui font bêtement ce qu'on leur dit
Y a un arbre généalogique meurtri
Y a ce malaise à voir notre Histoire mise en avant
Récupérée pour justifier les crimes de guerre
Qu'en diraient nos arrières grands parents ?
J'ai l'impression que c'est comme profaner leur cimetière
Y a l'injonction à devoir condamner tout le temps comme un muslim en période d'attentat
Y a ces sous-entendus soulant et cette habitude de faire semblant qu'on ne les entend pas
Mais y a tant de haine masquée en dérision, d'agressions terrifiantes et puis y a Faurisson
Une mémoire peut-elle rester vivante ?
Les fleurs fanent mais les pires théories sont florissantes
Toutes ces douleurs faut vivre avec sans en faire trop
Deux-trois coups d'œil dans le rétro et cap droit devant
Souvent, c'est sans voix face à ces listes de victimes
Que je me suis jamais autant senti en vie
Mon identité n'est plus en exil
Elle est égarée en diaspora
Et en vrai qu'est-ce que je peux y faire ?
Hormis tenter de donner du sens aux fragments qu'il m'reste
Résurgences
Salomon Isaac
Couplet Stratège :
J'essaie de recoller les morceaux, les mêmes interrogations
Aucune réponse précise en dépit des corrélations
Le comment du pourquoi, moins insoluble
Ils y voient de l'innocence, là où je n'en conçois aucune
La majorité silencieuse face aux justes des nations
Mais combien, au moindre écart furent déportés sur délation
L'opportunisme en ‘45
Accords de Munich, ‘38, menace en vain
Traité de Versailles, retour du bâton
Dans une multitude de facteurs s'enracine « la naissance d'une nation »
Un premier pas vers un processus d'élimination
Il s'agit d'assumer la mémoire sans culpabilisation
L'avènement d'un empire, d'un « espace vital »
Pour y parvenir, l'homme a commis l'Inimaginable
Les conséquences ont une portée incontrôlable
Ils consolident la haine qu'ils prétendent combattre
Devoir de mémoire, sans concurrence de l'horreur
Ni monopole de la souffrance, on commet tous des erreurs
Trauma post-générationnel, mais on y a pas été
Qui y a-t-il de pire, la Gestapo ou le NKVD ?
Criminel est le déni de réalité
Tout travail historique nécessite une totale impartialité
La transmission, c'est tout ce qui nous reste
Juste des fragments imprégnés des cicatrices ouvertes
« Je suis en vie », sans posture victimaire
Mon rap parle aussi à ceux qui ont des « blessures similaires »
Je refuse l'Horreur comme unique identité
Sans oublier d'où je viens, où mes ancêtres ont transité
« Je suis en vie », grand besoin de le crier
Quand j'en vois beaucoup, à des postulats malsains, se plier
L'Indécence est désormais banalisée
C'est le courage de la résistance que je viens immortaliser
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