Or, par un soir pareil, je crus être poète…
J’avais rêvé, dans le silence trop exquis,
De soleils possédés et de lauriers conquis…
Et ma vie est semblable aux lendemains de fête.
Tout me fait mal, l’été, le rayon d’un fanal
Rouge sur l’eau nocturne, et le rythme des rames,
Les rosiers d’un jardin et les cheveux des femmes
Et leur regard, tout me fait mal, tout me fait mal.
Venez à moi, mes deux amours, mes bien-aimées…
Je vous entourerai de vos anciens décors,
Je vous rendrai vos fleurs, vos gemmes et vos ors,
Et je rallumerai vos torches consumées.
Vous fûtes ma splendeur et ma gloire et mon chant,
Toi, Loreley, clair de lune, rire d’opale
Et toi dont la présence est calme et vespérale,
Et l’amour plus pensif que le soleil couchant.
O vous que mes désirs et mes pleurs ont parées,
Toi que j’aimais hier, toi que j’aime aujourd’hui,
Allons vers les palais d’où les reines ont fui,
Et vers les faibles mers qui n’ont point de marées.
Le dernier frisson d’or s’est tu dans les guêpiers…
Toi, pâle comme Atthis, et toi, ceinte de roses
Comme Dika, marchons sur les routes moroses
Qui n’ont point su arder l’empreinte de nos pieds.
Le présent despotique est comme un maître rude
Qui tourmente l’esclave au sommeil harassé…
Mes chères, descendons la pente du passé
En sentant que le soir est plein de lassitude.
Je songe à l fatigue, à l’ennui des retours
Qui suivent les départs vers les terres charmantes…
Allons ainsi jusqu’au futur, ô mes amante !
Sachant que nous avons vécu nos plus beaux jours.
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