Ô mère-grand, j'entends des voix
Un bruissement au fond des bois
Tu attends quoi, tu attends quoi ?
Des milliers d'oiseaux dans la nuit
Qui chuchotent au fond de leurs nids
Tu attends qui, tu attends qui ?
Mais moi, tu sais, je n'attends rien
Je glisse le long des chemins
À l'affût des herbes qui bougent
Mère-grand, tu sais, je suis bien
Je hume le vent qui s'en vient
Bousculer mon chaperon rouge
Les rainettes et les crapauds
Me font des signes au fond de l'eau
N'attends pas trop, n'attends pas trop
Même les cailloux, les tortues
Et le silence des statues
Mais qu'attends-tu, mais qu'attends-tu ?
Mais moi, mère-grand, le sais-tu
Je n'attends que l'inattendu
Un éclat de rire, un poème
Je prends le bonheur quand il vient
Comme un papillon dans ma main
Jamais mes doigts ne se referment
Dans les bouillons du pot-au-feu
Quels sont ces glouglous doucereux ?
Attends un peu, attends un peu
Au fond des bois, signal, danger
Paraît qu'on s'y ferait manger
Mais attendez, mais attendez !
Mère-grand, je veux tout donner
Avant d'être ratatinée
Et cette odeur de loup m'enchante
Comment peut-on me dévorer ?
Je suis la source et la forêt
Le brin d'herbe et l'oiseau qui chante
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