Tous les matins, il partait
À l'heure où le coq chantait
Dans son crâne une tempête
La fièvre sous sa casquette
Ses souvenirs d'écolier
Les saints du calendrier
La guerre, les colonies
Tout lui était rêverie
Et sur les routes jolies
Cueillait pas de pissenlits
Mais, dans son sac, amassait
Le trésor du petit Poucet
Cheval, je te salue, toi qui du haut des cieux
N'en finis pas de faire ta tournée d'adieux
Souvent je reviendrai admirer ta folie
Ta folie des grandeurs
Arracher à l'oubli le rêve d'un facteur
De son trésor de galets
Il fit un curieux Palais
Un bric-à-brac incroyable
De géants, de dieux, de diables
Une maison de chimères
Pour hôtes imaginaires
Une pelle, une brouette
Cheval devint l'architecte
D'un délire d'escaliers
De remparts, de minarets
Et toujours ce désir fou
"Le monde entier dans mes cailloux"
Cheval, je te salue, toi qui du haut des cieux
N'en finis pas de faire ta tournée d'adieux
Souvent je reviendrai admirer ta folie
Ta folie des grandeurs
Arracher à l'oubli le rêve d'un facteur
Un jour, il leva le nez
Son oeuvre était terminée
Il souleva sa casquette
Déposa pelle et brouette
Toute sa vie salua
Tant de jours et tant de pas
Puis mourut, pensant à mettre
Un gros caillou sur sa tête
Mais jamais au grand jamais
Ne fut roi dans son Palais
Aux plafonds semés d'étoiles
Brillant loin comme un idéal
Cheval, je te salue, toi qui du haut des cieux
N'en finis pas de faire ta tournée d'adieux
Souvent je reviendrai admirer ta folie
Ta folie des grandeurs
Arracher à l'oubli le rêve d'un facteur
Le rêve d'un facteur
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