Les pièces d'un puzzle tombent sur le sol au ralenti
Debout seul et déboussolé
Je comprends que je contemple les fragments de ma vie
Les yeux grand ouverts
J'avance à l'envers en suivant les bandes blanches qui deviennent les néons du plafond des urgences
Tout ceci n'a plus de sens
Je suis au bord des larmes sans pouvoir m'en empêcher
j'ai les mains qui tremblent
Couvertes de sang séché
Je ne vois que des enfants géants jouant avec mon corps
Qui parlent entre eux étrangement comme si j'étais dehors
Le puzzle coule encore entre mes paumes sans que je n'arrive à les refermer
Des fils sortent de mes veines, je suis devenu une graine en train de germer
La réalité crue prend des airs d'irréel
Tout bascule dans un claquement de doigt
À l'instant crucial on a rarement le choix
En me percutant la vie se fiche éperdument
De mes crédits, mes dépits, des séries
De toutes mes façons débiles de perdre du temps
Chacun dans son rôle fabrique son l'illusion de contrôle
Mais st-ce qu'on aura la force d'accepter l'aléatoire
De perdre ce qu'on croyait avoir
À quoi rime la vie assis sur le rivage
Autant plonger dans ses vagues qui nous avalent et nous refoulent
Tout s'en va tout s'envole dans un tour de valse
Et que le vaste monde poursuive sa course folle
Un feu d'artifice fait le même bruit qu'une bombe qui explose
Le monde est magnifique monstrueux et grandiose pour qui sait le vivre tel qu'il est
Subir la peur
C'est vivre sous le pire
Des dicateurs
Quitte à mourir
Autant mourir de joie
Craindre la douleur c'est souffrir deux fois
J'ai l'air si fier sur ma civière
Puis l'infirmière me tend une glace:
C'est qui cet inconnu?
Est-ce qu'on reste soi-même
Quand on ne se reconnait plus?
Si misérable comme au premier jour
On est beau parce qu'on est fragile
Simple morceau d'argile tragique comme sur son premier tour
Prenez tout allez-y prenez tout
Mais rendez-moi ma vie d'avant
Je prendrais pas le même chemin
Je deviendrais quelqu'un de bien
Mais évidemment que ce visage c'est pas le mien
100 milligrammes de Tramadol
J'entends plus rien
Je regarde le sol
Parce Que même si on répare un vase
On efface jamais les traces de colle
Au fond du corridor un clochard braille malgré les sangles
Moi je rassemble mon puzzle
En commençant par les bords et les angles
Rien n'est sur
Rien ne dure
On rassure comme on peut
Rien n'est vrai
Rien ne m'effraie
Quand je ferme les yeux
À quoi rime la vie assis sur le rivage
Autant plonger dans ses vagues
qui nous avalent et nous refoulent
Tout s'en va tout s'envole dans un tour de valse
Et que le vaste monde poursuive sa course folle
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