Chez la jolie Rosette au Café du Canal
Sous le tronc du tilleul qui ombrageait le bal
On pouvait lire sous deux cœurs entrelacés :
" Ici on peut apporter ses baisers "
Moi mes baisers je les avais perdus
Et je croyais déjà avoir tout embrassé
Et je ne savais pas que tu étais venue
Et que ta bouche neuve en était tapissée
La chance jusqu'ici ne m'avait pas souri
Sur mon berceau les fées n'se penchaient pas beaucoup
Et chaque fois que j'tombais sur un carré d'orties
Y'avait une guêpe pour me piquer dans l'cou
Pourtant ma chance aujourd'hui elle est là
Sous la tonnelle verte de tes cils courbés
Quand tu m'as regardé pour la première fois!
Ma vieille liberté s'est mise à tituber
Nous étions seuls au monde en ce bal populeux
Et d'une seule main j'emprisonnais ta taille
Tes seins poussaient les plis de ton corsage bleu
Ils ont bien failli gagner la bataille
J'aime le ciel parc'qu'il est dans tes yeux
J'aime l'oiseau parc'qu'il sait ton nom
J'aime ton rire et tous ces mots curieux
Que tu viens murmurer au col de mon veston
Et je revois tes mains croisées sur ta poitrine
Tes habits jetés sur une chaise au pied du lit
Ton pauvre cœur faisait des p'tits bonds de sardines
Quand j'ai posé ma tête contre lui!
Dieu, tu remercies Dieu, ça c'est bien de toi
Mais mon amour pour toi est autrement plus fort
Est-ce que Dieu aurait pu dormir auprès de toi
Pendant toute une nuit sans toucher à ton corps ?
Chez la jolie Rosette au Café du Canal
Sous le tronc du tilleul qui ombrageait le bal
On pouvait lire sous deux cœurs entrelacés :
" Ici on peut apporter ses baisers "
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