Je contemple la vie
Qui passe et qui s’affole.
Qui s’en veut et s’envie,
Qui tombe ou qui s’envole
Qui désole ou ravit.
Je vois passer parfois
Brillants dans leurs costumes
Des dodus, gras de foi
Pleins d’us et de coutumes
Qui concoctent des lois.
Je vois passer des forts
Pétris de certitudes
Qui se gardent le nord
Ou qui perdent le sud
Mais qui sont du bon bord
Je vois passer des hommes
Qui portent des fardeaux
Qui se tirent des tonnes
De rocs ou de bardeaux :
Des forçats ou tout comme.
Je vois passer des vieilles
Et des vieux désolés
Que plus rien n’émerveille.
Les poumons « gazolées »
Au nom du dieu Diesel.
Je vois aussi passer
Une nonne à cornettes,
Un voleur mal rasé,
Une conne à sornettes,
Un cheval harassé.
Un très grand officier,
Un mendiant cul de jatte,
Les lunettes d’acier
D’un ancien prof de maths,
Puis un beau policier.
Je contemple la vie
Qui passe et qui s’affole.
Qui s’en veut ou s’envie,
Qui tombe ou qui s’envole
Qui désole ou ravit
Et tout ce petit monde
Sans se donner la main
Danse la même ronde
Suit le même chemin
Loue la même Joconde
Court après le mêm’ gain
Joue à « viens que j’te tonde »
Rivalise de dédain
N’a pas une seconde
Pour aimer son voisin
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