Maman, mes blessures s’infectent
Me fissurant comme une tasse en faïence
Face à ta surdité, la lucidité est la pire des souffrances
Au propre comme au figuré tu ne m’as jamais tenu la main
Pourtant je ne suis qu’un petit garçon déguisé en indien
Dans vos tempêtes de sable, je m’accable de stigmates au ciseau
Qui cicatrisent par la sècheresse de tes mots
En vain, j’ai cherché une porte dans la prison du temps
Mais la vie est bien longue dans la déprime, je m’étends
Souvent ma tête heurte les murs et me marque le front
Sur chaque écorchure, le crépit me touche plus profond
Prisonnier de cette danse à laquelle je ne comprends pas les pas
Je touche les limites pour sentir que je suis encore là
À force d’avoir le nez collé dans ta merde, tu perds l’odorat
Tu ne peux plus me sentir, ceci explique-t’il cela ?
Maman je te hais, te crache et te renie sans clémence
Puisqu’en bon ado, je dis toujours le contraire de ce que je pense !
Maman…Maman…
Malgré la boue qui s’amoncelle sur le sol, je ne laisse pas de traces
Et monte le volume du poste quand toi et ton mec se tabassent
J’en ai assez de m’envelopper dans des supplices
Assez d’être invisible à tes yeux, assez d’être aussi lisse
Je glisse, sans rien pouvoir changer, si triste, avec tous ces manques à combler
Tu m’as eu trop tôt, c’est ce que tu m’as rabâché
C’est pourquoi, mes quinze ans m’ont déjà semblé une éternité
Je n’ai plus la force de voir que je ne représente rien
Dispersé dans le silence, je veux partir loin, encore un effort
Maman, je t’en ai voulu toute ma vie, j’en souffrirais toute ma mort
Je m’érige en fixant en bas la voiture stationnée
Plus rien ne me retient, j’ai trop peur de vous ressembler
Ma fugue est une chute du 5ème
Maman, pourquoi n’as-tu jamais su me dire « je t’aime »
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