Où sont les jours d’hiver pleins de calme infini
Dans la salle d’étude, aux carreaux blanc de givre ;
Et les grands abat-jour sur les lampes de cuivre
Comme autour d’une lune un halo d’or bruni.
Quel éveil dans nos coeurs quand le soir, en sourdine,
Chuchotait sa tristesse aux fentes des châssis
Et que, sur les bancs noirs pensivement assis,
Nous lisions, tout songeurs, des vers de Lamartine.
Trouble des premiers vers douloureux ou charmants !
Troubles des premiers vers dont les musiques vagues
Vibraient avec un bruit pareil au bruit des vagues
Et semblaient correspondre à nos jeunes tourments !
Nous pleurions longuement Graziella trahie
qui, n’ayant pu laisser tel qu’un tapis moelleux
Son amour sous les pas du poète oublieux,
Sans bague au doigt fut mise en sa bière fleurie !
Mais tout là-bas, au bord rivages houleux
Où priera l’avenir sur sa tombe odorante,
Nous autres, négligeant la morte de Sorrente,
Nous cherchions dans la mer l’infini des yeux bleus.
A travers l’idéal des grandes eaux dormantes,
A travers l’idéal des beaux vers consacrés,
Nous pouvions voir déjà, pendant ces soirs sacrés,
Appareiller vers nous nos futures amantes !
Tout nous parlait d’hymen, de baisers et d’aveux !
Et dans la barque d’or des strophes amoureuses
Les rimes accordaient leurs rames langoureuses
Pour amener vers nous la vierge de nos voeux !
La douceur de la mer méditerranéenne
Chantait dans les flots bleus des vers pleins de langueur
Qui venaient déferler sur la plage du coeur
Avec un bruit de robe et des frissons de traîne !
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