Les fleurs du clair accueil au long de la muraille
Ne nous attendent plus quand nous rentrons chez nous,
Et nos étangs soyeux dont l'eau plane s'éraille
Ne se prolongent plus sous les cieux purs et doux.
Tous les oiseaux ont fui nos plaines monotones
Et les pâles brouillards flottent sur les marais.
O ces deux cris : automne, hiver ! hiver, automne !
Entends-tu le bois mort qui choit dans la forêt ?
Notre jardin n'est plus l'époux de la lumière
D'où l'on voyait les phlox vers leur gloire surgir ;
Nos violents glaïeuls sont mêlés à la terre
Et longuement s'y sont couchés pour y mourir.
Tout est sans force et sans beauté ; tout est sans flamme
Et passe et fuit et penche et croule sans soutien ;
Oh ! donne-moi tes yeux qu'illumine ton âme
Pour y chercher quand même un coin du ciel ancien.
C'est en eux seuls qu'existe encor notre lumière,
Celle qui recouvrait tout le jardin jadis
A l'heure où s'exaltait l'orgueil blanc de nos lys
Et l'ascendante ardeur de nos roses trémières.
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