J'avais tout écrit à dix-sept ans, les chansons qui ont marqué ma vie, les femmes dont j’ai fait la rencontre, tout était là, dans un cahier à carreaux blancs. Moi, je n’ai fait que suivre les traces, ça ne demandait pas beaucoup de talent. Je n’étais pas le Messie, ni Heidelberg ni Stockhausen, je n’étais même pas juif, rien qu’un petit gars de Ménilmontant, un melody maker comme il en traînait des tonnes dans les couloirs des maisons de disques au début des années soixante-dix.
(Hey, dis-moi que tu déconnes !)
Non, j’avais tout écrit à dix-sept ans, toutes les chansons naïves qui ont jalonné ma life.
Elles dormaient dans un grand cartable, il fallait juste piocher dedans. Et dire "Écoute ce que j’ai composé la nuit dernière". Et l' regard des éditeurs commençait à briller comme les yeux des enfants le soir de Noël. C’était drôle à voir. "Vas-y, rejoue-là, reprends ta guitare". Et je rejouais la chanson triste et j’allais au studio faire la maquette. Et ils appelaient l’artiste ou son directeur artistique ou le manager machin chouette et c’était parti pour un disque et c’était tous les jours la fête.
(Just along the way, That’s the way, yo!
Ile Heaven, okay
That’s the way, yo! Okay
Just along the way, yo! Ile Heaven)
(C’était de la balle, cette époque, non ?)
Yes, man, c’était de la balle, et y était de la belle partout, artiste, comédienne, chanteuse à tout faire. Le look pour te plaire, jungle, gardenia dans l’air et, assis au bar de l’Élysée Matignon, Depardieu, Dewaere, les nouveaux voyous. Gainsbourg à la table de derrière, avant d’être Gainsbarre, l’homme à la tête de chou. Good guy, bon mec, on se demandait tous les soirs pourquoi il faisait semblant d’être alcoolique et fou.
(Just along the way, That’s the way, yo!
Ile Heaven, okay
That’s the way, yo! Okay
Just along the way, yo! Ile Heaven)
(Et after, man, raconte comment c’était avant les années quatre-vingt fric)
Disco, disco, disco à tous les étages. La noire à cent vingt et la blonde morte de rage. Non, je plaisante. On aimait déjà les noires et les blanches. Ebony and ivory , black and white, tous les mélanges. La musique n’a ni race, ni couleur, ni religion, ni tendance, ni repère. Mais c'est dans ces années-là qu’ils l’ont prise en otage, tous les faiseurs de prières, Gueldorf et les autres, les killers de l’ile de Wight, les assassins de Woodstock.
(Just along the way, That’s the way, yo!
Ile Heaven, okay
That’s the way, yo! Okay
Just along the way, yo! Ile Heaven)
(Mais tu t' la joues comment au milieu du grand cirque ?)
Variétiste évidemment, au fond d’endroits publics, à toutes les filles que j’ai aimées avant, Patricia Kaas en embuscade. Désorientés le goût et le factice, la sincérité avait changé de camp, les déserteurs n’étaient pas toujours des braves, retraite de Waterloo, silence dans les rangs ! J’entendais le bruit des sabots de la cavalerie des nomades bien-pensants qui n’avaient pas grand-chose à dire et le disaient ouvertement.
(Just along the way, That’s the way, yo!
Ile Heaven, okay
That’s the way, yo! Okay
Just along the way, yo! Ile Heaven)
(Hey, man, tu l'a garée où ta caravane dans les années débiles ?)
En face du parking de la Star Ac', juste le temps de voir brûler les étoiles et de mourir avec. Un SMS de rencontre, un vote en direct et tombe la tête de la future Marie-Antoinette, du nouveau Robespierre.
Léo disait que la lumière ne se fait que sur les tombes. Je vous souhaite à tous un bon éclairagiste pour les années 2000 poussières et j’en passe. Poètes, vos papiers, profession artiste, circulez, y a rien à voir ! Je vous souhaite une good Île Heaven, sincèrement à vous, I’m so long, baby John.
(That’s the way, yo! Ile Heaven, okay
That’s the way, yo! Okay
That’s the way, yo! Okay)
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