Arbres mes vieux copains, mes complices d'enfance
Vous souvient-il encor' d'un garçonnet grimpant,
S'écorchant les genoux, dans sa belle insouciance
Pour aller voir de près vos grands fronts de géants?
C'est vrai j'en ai passé des heures dans vos branches!
De là-haut, je voyais un monde différent...
Les culottes trouées, de la résine aux manches,
A grand regret, je vous quittais, le jour baissant.
Les moments enchantés passés dans vos ramures
A écouter le vent ou à épier l'oiseau,
Où à m'émerveiller des mystérieux murmures
Les feuilles frissonnantes...Valaient tous les cadeaux!
J'ai grandi...Et vous vous êtes faits bien plus rares;
De rageuses tempêtes ont éclairci vos rangs!
Et l'urbanisation, phénomène bizarre,
A mis l'arbre à la ville...Et les maisons aux champs.
Combien sont morts devant les dents des tronçonneuses,
Et les engins d'acier arasant les talus?
Combien d'amis d'enfance...! Allez-vous n'être plus...
Que quelques-uns gardés comme reliques pieuses?
Mais non!Bois de jadis, dont il ne reste guère,
Vous que les ouragans ont si peu épargnés,
Vous revoilà debout, dressant vos têtes fières;
Vous pansez vos blessures et comblez vos trouées.
Le ruisseau vous abreuve, et l'homme vous replante...
Les enfants de demain vous auront pour amis...
S'ils le veulent et l'oiseau rebâtira son nid...
Je flânerai encor' sous vos vertes charpentes!
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