Mon oncle avait un jardin
Où il plantait ses jours
Pour battre son destin
Sur son propre terrain
Il portait une veste brune épaisse
Car l’hiver pince la peau
Des hussards licenciés
Ou des horticulteurs en retraite
Fleuri comme une robe d’été
Le jardin sentait fort les parfums sucrés
Des femmes qui veulent s’habiller
Mon oncle savait tailler
Les arbrisseaux pubères
Qui ne savent que critiquer
Et peuvent même pas te tendre la main
Le jardin s’étirait loin
Jusqu’aux ombres de l’inconnue
Que cultivaient nos voisins
En lâchant leur méchant chien
Mon oncle ne voyageait guère
Que pour acheter des tapettes mécaniques
Pour tuer ses sales souris
Que le chat épargnait par faiblesse
Le jardin se portait comme un ami
Tantôt rasé tantôt poilu
C’était le seul souci qu’on arrose le soir
Mon oncle est maintenant à l’asile
Il sanglote mine de rien
Depuis qu’il y a un building
Qu’est planté dans son jardin
Mon oncle est maintenant à l’asile
Il sanglote mine de rien
Depuis qu’il y a un building
Qu’est planté dans son jardin
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