Y a un moment dans ma vie où j'ai été inventeur.
On m'avait dit "Si tu as une invention, porte-la à un financier, il te l'achètera". Alors j'arrive chez un financier. La secrétaire m'ouvre la porte et elle me dit "Justement, on vous attendait !"
"Ah ben, je dis, ça tombe bien "
Alors, elle me dit "Rentrez, on va vous introduire"
Alors, je la vois qui revient avec un grand balai. Je commence à avoir peur. Je lui dis "Mais, mais, je ne suis pas le balayeur, excusez-moi"
Elle me dit "Y pas de mal"
Mais j'y dis "Y a une valise"
Elle me dit "Ah bon ?"
Je dis "Oui, c'est là-dedans que j'ai mis mon invention"
"Ah, elle me dit, vous êtes inventeur ?"
Je dis oui
Elle me dit "Tant pis"
Je dis oui, j'étais un peu... un peu gêné, je n'avais pas l'habitude, n'est-ce pas
Elle me dit "Ben, on va vous faire attendre"
Je dis "Bon", je dis "Mais pas trop longtemps quand même, parce que je suis assez pressé !"
Alors, j'ai attendu trois quatre heures, n'est-ce pas. Et pendant tout le temps que j'attendais, je m'étais assis sur ma valise parce que j'avais peur qu'on me la vole, mon invention, n'est-ce pas, si toutefois je m'étais endormi, vous pensez bien !
Puis pendant tout le temps que j'attendais, les dactylos, elles ouvraient la porte les unes après les autres puis elles me regardaient comme ça, puis elles rigolaient. C'est sans doute parce que je suis sympathique. Oh oui, certainement... sans doute, oui.
Ou bien alors, c'est parce qu'elles avaient peur que je m'en aille avec mon invention. Oh oui, ça devait leur faire peur, ça !
J'en ai même profité de ça. Je leur ai dit "Vous savez, si vous me faites attendre encore quatre cinq heures, je vais m'en aller, vous savez"
Elles ont compris tout de suite, vous savez !
Le soir-même, le directeur m'a reçu.
Alors, j'arrive devant lui et je lui dis "Je suis inventeur"
Il me dit "Je suis sceptique"
Je lui réponds "Enchanté"
Alors, il me dit "Mais pour être inventeur, il me dit, vous savez, il faut avoir un certain bagage"
J'y ai rien répondu. Non, j'y ai rien dit. Je me suis juste contenté de lui montrer ma valise.
Alors, là, il était suffoqué, là. Oh oui, il en a même fait une réflexion à sa secrétaire, il lui a dit "Qu'est-ce qu'il traîne !"
Il ne se doutait pas que j'étais si fort que ça, pensez bien !
Il m'a dit "Vous ressemblez étrangement à celui qui a inventé le fil à couper le beurre. Vous ne seriez pas de sa famille peut-être ?" qu'il me dit sérieusement comme ça.
"Oh, je dis, non, non, je ne sais pas"
C'est vrai qu'il y a eu beaucoup d'inventeurs dans la famille. Ça se pourrait très bien enfin
"Alors, je lui dis, voilà, j'ai inventé un truc pour attraper les crocodiles vivants"
"Ah, il dit, c'est très bien"
"Alors, je dis, il faut une valise pour mettre le crocodile, une longue-vue, des jumelles, quoi ! Et puis des journaux parce que si vous avez... quand vous avez rendez-vous avec des crocodiles, si toutefois il vous faut attendre, vous aurez les journaux, quoi. Bon ! Puis après, une pince à épiler. Alors, vous allez là où il y a des crocodiles, autant que possible, n'est-ce pas. Alors, quand vous le voyez s'amener, le crocodile, vous le regardez sans avoir peur, n'est-ce pas. Alors, quand il est tout près, qu'il s'approche, vous prenez la jumelle... mais...mais, écoutez bien ! C'est là qu'est mon invention, écoutez bien, hein ! Mais... mais.... voilà, voilà, écoutez, hein ! Mais, quand vous prenez la jumelle, au lieu de la prendre du bon côté, vous la prenez de l'autre côté. Voyez, voyez-vous l'invention ? Hein, dites, vous voyez ? Vous me suivez bien, hein ? Alors, forcément, en le regardant par le gros bout, n'est-ce pas, le crocodile, il est tout petit. Il est... il est fait comme un rat, quoi ! Il est fait comme un crocodile, mais il est tout petit, n'est-ce pas, tout petit, tout petit. Alors, à ce moment-là, vous prenez la pince à épiler puis vous le prenez, vous le mettez dans la valise. Voilà !"
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