Prologue
Poursuivre ce qui fuit, rêver ce qu’on ignore,
S’ouvrir une blessure impossible à guérir,
Hâter la trahison que garde l’avenir
A ceux que l’idéal implacable dévore ;
Fuir ce qu’on peut aimer, chercher ce qu’on adore,
Ce qui peut-être est mort ou vous fera mourir,
C’est folie et pitié I Car nul ne sait encore
Si le bien de savoir vaut le mal de souffrir.
J’ai, jusque sous la dent de l’antique chimère,
Voulu ravir le fruit dont la science amère
Tente ironiquement les coeurs audacieux.
Pour monter dans l’azur j’ai déserté la vie,
Et cependant je porte une secrète envie
A tous ceux que la terre a consolés des cieux !
I. Gloria Victis
À Alphonse Daudet.
Jésus, ta croix insulte à plus d’une potence
Où d’aussi grands que toi sont morts désespérés.
Qui pourrait les compter les martyrs ignorés
Dont une mort infâme a puni la constance ?
Bien d’autres ont souffert, Sauveur du genre humain,
Pour le rêve insensé des choses immortelles !
liais leurs religions, Jésus, où donc sont-elles ?
Quelle bouche a baisé leurs pas sur leur chemin ?
Ils portaient, comme toi, des mondes dans leurs têtes,
Que l’oubli, dans ses flots, a noyés sans remords.
Naufrage sans témoins ! Ils sont morts deux fois morts !
- Le Ciel a refusé sa foudre à leurs tempêtes.
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