Fait de brouillard et de lumière
Entre le matin et le soir,
Lorsqu’il se penche sur la terre
Le nuage n’est qu’un miroir.
Il voudrait bien, lorsqu’il se penche,
Être peuplé infiniment
De fleur rose, de verte branche,
D’un mot, d’un coeur, d’un sentiment ;
Il voudrait qu’une onde l’enivre
D’un ruisseau bleu comme un saphir,
Il voudrait, ce nuage, vivre
D’un projet ou d’un souvenir ;
Il voudrait, charmante souffrance
Dont il embellirait le jour,
Voir passer sur sa transparence
L’ombre fatale de l’amour !
Mais hélas, brouillard et lumière
Entre le matin et le soir,
Lorsqu’il se penche sur la terre
Le nuage n’est qu’un miroir :
Et, dès qu’un divin paysage
Monte à son coeur aérien,
Voici qu’il passe, le nuage…
Et c’est un autre qui revient !