Passage des Gémeaux
« Nous sommes lucioles sur la brisure du jour. Nous reposons sur un fond de vase, comme une barge échouée.
Ces conflits entre le désir et l’esprit qui sème la désolation. Conflits d’où l’esprit sort vainqueur par le biais et non par le droit fil.
Le contraire d’écouter est d’entendre. Et comme fut longue à venir à nos épaules la montagne silencieuse. Pour que j’aie pu ouïr un tel tumulte une locomotive a dû passer sur mon berceau.
Dans sa lutte pour la vie, sans le mal aurait-il survécu ? Lui, l’homme blanc ? Puis il scella sa domination défleurante.
La multiplication, opération aujourd’hui maudite. De même la croissance. Et l’exploit : ils ne pouvaient traverser que sous le regard nervuré des dieux, lesquels se lassèrent de ne pas se reconnaître en eux.
Puis aux esprits de l’air. Donné aux verges de la terre. Déjà en naissant, nous n’étions qu’un souvenir. Il fallut l’emplir d’air et de douleur pour qu’il parvînt à ce présent.
Le dard d’Orion. Le trèfle étoilé. Dans la garrigue, miroir de ciel diurne.
Le trèfle obscurci… La cicatrice verte.
La trombe de la souffrance, le balluchon de l’espoir.
Un lac ! Qu’on nous l’accorde ! Un lac, non une source au milieu de ses joncs, mais un pur lac, non pour y boire, un lac pour s’offrir au juron glacé de ses eaux estivales. Qui sollicites-tu ? Nul n’est prêteur, nul n’est donnant.
Mains autrefois sublimes. Pas aujourd’hui comptés. Un vivre évasif, un long-courrier retenu jusqu’à son service d’évidence inutile.
Il y a une compréhension à tout, mais de ce filage monte un brouillard, une clameur de peur, et parfois notre haine traçante.
La réponse interrogative est la réponse de l’être. Mais la réponse au questionnaire n’est qu’une fascine de la pensée.
« Ton fils sera spectre. Il attendra la délivrance des chemins sur une terre décédée. »
Tel le peintre Poussin, je me lavais au vent qui durcissait mes ailes sans un regret pour ma mère disparue. »