Le plus vieux métier du monde, en dit-on,
L’argent facile, l’argent inodore et incolore,
L’engrenage grisant du commerce de soi,
Cet être à l’érotisme poli, un peu marchand.
La femme dite facile, celle de légère vertu,
Celle que les gens aiment tant ne pas voir,
Celle-là même qui connaît leurs vils secrets,
Cet être prêt à se monnayer pour en vivre.
Dans le silence de la nuit noire et sombre,
Derrière les portes closes, les volets roses,
Sous les draps fins, le cuir et la peau de chagrin,
Cet être désabusé, à la fois, force et fragilité.
La jeune fille innocente, celle qu’elle était,
Celle devenue une femme, devenue objet,
Celle rendue femme-objet, objet de désir,
Cet être prêt à vivre caché, et sans rang.
Quand l’humanité déserte la chaire des corps,
Quand la compassion délaisse les sans coeurs,
Quand la cupidité consume le fond des âmes,
Cet être méconnu, bafoué, est érigé en remparts.
La jeunesse exploitée, usée et abusée,
Celle à qui l’on a ôté l’essence innocente,
Celle à qui l’on a volé toute sa candeur,
Cet être prêt à tout pour ravoir sa liberté.
Prestations de rêve, charmes prometteurs,
Déguisements dénudés, costumes allusifs,
Masques et mascarades, dissimulant à peine,
Ces mystérieuses créatures, souvent à fleur de peau,
De stoïques captives, simulacres d’êtres libres,
De vraies aliénées, aux faux-semblants de liberté.